Hyvia, la co-entreprise entre Renault Group et l’américain Plug, le leader mondial des solutions clés en main hydrogène et des piles à combustible, a donné naissance à un écosystème global autour du Master Van H2-Tech, image marquante de la mobilité hydrogène. Une aventure technologique et… humaine menée par 130 ingénieurs, commerciaux et opérateurs avec à leur tête un DG passionné, David Holderbach. (À noter d’ici quelques jours que c’est Nicolas Champetier qui lui succédera à ce poste).
L’aventure Hyvia prend un nouveau tournant décisif avec la commercialisation des premiers Renault Master Van H2-Tech dans leur configuration actuelle.
Ces Renault Master, dont la version de série a été présentée à l’automne 2022, et qui ont été homologués au début de l’année 2023, vont en effet évoluer : les réservoirs qui sont disposés sur le toit trouveront leur place sous le châssis, la pile à combustible de 30 kW et la batterie de 33 kWh dans le compartiment moteur, à l’avant du véhicule par conséquent.
Cette évolution est essentielle pour obtenir une meilleure stabilité, en charge tout particulièrement, moins de poids sur la direction et surtout pour que la version fourgon 12 m3 puisse passer dans les tunnels limités à 2,60 m de hauteur.
400 km d’autonomie et 5 minutes pour faire le plein d’hydrogène
Pour certaines entreprises, l’hydrogène apparaît bien comme une solution d’avenir. C’est une alternative crédible au diesel.
Master Van H2-Tech qui est pour l’instant bridé à 90 km/h, mais qui pourra « monter à 110 km/h » prochainement, a une autonomie jusqu’à 400 km. Dans les stations de recharge, sous une pression de 700 bars, il faut à peine 5 minutes pour refaire le plein des 4 réservoirs de 1,6 kg chacun, soit au total, 6,4 kg d’hydrogène. Comme il est recommandé de ne pas « tenter le diable » ni de descendre en dessous de 20% de la capacité totale, l’arrêt dans une station Hysetco ne devrait prendre que 3 minutes pour récupérer l’autonomie maximale du véhicule.
Les utilitaires 100% électriques « classiques » qui voient leur utilisation bridée par des recharges relativement longues – 20 minutes sur des bornes ultra-rapides – même si elles ont tendance à singulièrement baisser, ne peuvent pas concurrencer les véhicules hydrogène… et c’est là la force de frappe de ces derniers.
C’est l’une des premières conclusions qu’Hyvia a tirées de deux ans de tests auxquels ont participé des clients pionniers engagés à ses côtés dans la voie de la mobilité H2, comme, en France, Orange, Engie, Equans, Chronopost ou Alpine, aux Pays-Bas GP Groot, Warmtebouw, Pot Verhuizingen et en Allemagne Airbus, Hamburger Hafen und Logistik AG, Packeta, Maximator Hydrogen GmbH.
L’engagement du Réseau Renault Pro+
Pour aller plus loin deux conditions doivent être remplies : il faut que les structures pouvant prendre en charge les réparations et les entretiens, se multiplient et que le réseau de distribution H2 « se muscle ». Sur ces deux points, les choses bougent très vite.
En France, le réseau des Centres Renault Pro+ est mobilisé pour assurer l’après-vente des véhicules H2. Le site de Paris-Rungis (sur lequel s’est justement récemment rendue la rédaction MyUtilitaire, photos à l’appui) et celui de Lyon Sud ont déjà des ateliers aménagés spécialement et selon des standards de sécurité très élevés. Des techniciens ont reçu une formation spécifique pour pouvoir intervenir sur les véhicules H2 et les responsables de site ont obligatoirement une habilitation ATEX de niveau 2 pour encadrer le personnel intervenant en zone ATEX (atmosphère explosive).
Trois autres sites ouvriront, à Grenoble, Toulouse et Nantes, avant la fin de l’année 2023. Aux Pays-Bas, qui ont pris de l’avance et où des Master Van H2-Tech seront livrés à leurs utilisateurs dans les semaines à venir, d’autres partenaires d’Hyvia, Stam à Amersfoort, Terwolde à Groningen, Bochane à Arnhem et Van Mossel à Rotterdam, jouent eux aussi la carte du développement des utilitaires hydrogène.
Des spécialistes des stations de recharge Hysetco et Atawey
Pour ce qui est des stations de recharge, Hyvia a signé des accords avec Hysetco et Atawey. La première de ces entreprises est leader de la mobilité hydrogène légère en France. Elle développe et exploite des stations de recharge H2 publiques. Certaines sont dotées d’un électrolyseur, d’autres sont livrées par camion-citerne. Hysetco proposera, à terme, une offre Hyvia comprenant le véhicule, les services associés et la fourniture d’hydrogène. Hyvia s’est, de son côté, engagé à accompagner le développement du réseau de stations H2 publiques de Hysetco.
Atawey est une entreprise encore en mode start-up dont la croissance s’accélère fortement. C’est avec elle qu’Hyvia a mis au point l’offre Hywell. Cette offre est adaptée aux besoins d’entreprises ou de groupement d’entreprises qui souhaitent installer une station pour leurs propres usages. » L’offre Hywell a spécifiquement été développée pour amorcer des écosystèmes de mobilité à hydrogène décarboné : les coûts d’investissement et d’opération sont dimensionnés à la taille d’une flotte d’amorçage » explique Jean-Michel Amaré, président d’Atawey. Les stations Hywell peuvent être déployées rapidement et facilement sur les sites d’installation les plus contraints grâce à leur architecture « Compact & Plug & Play ». Elles ont une capacité de 100 kg/jour de distribution de H2, ce qui permet d’alimenter « 20 à 25 véhicules ». Une première station Hywell verra le jour en France d’ici début 2024.
Une offre de financement spécifique
Hyvia souhaite convaincre de plus en plus de professionnels d’adopter l’hydrogène. Pour cela, il faut les aider à financer leur projet. C’est l’objet de Hyvia Financial Services qui prévoit des offres sur mesure en fonction des usages, du pays et de la région, intégrant au passage toutes les subventions disponibles et qui diffèrent d’un territoire à l’autre. Ce financement qui peut être global, prenant par conséquent en compte les véhicules, leur entretien et l’approvisionnement en H2, est une brique essentielle de l’écosystème Hyvia qui, en aval, est juste et parfait.
Ce qui est remarquable, c’est qu’il l’est aussi en amont. Hyvia en effet est maître d’œuvre de la conception à la commercialisation du véhicule en passant par l’ingénierie et la R&D basées à Villiers Saint Frédéric (78), la production du Renault Master Van H2-Tech à l’usine de Batilly (54), l’assemblage et les tests de la pile à combustible dans l’usine Hyvia de Flins (78) et l’intégration de la pile à combustible à Gretz- Armainvilliers (77). Pourtant le plus spectaculaire dans l’écosystème Hyvia n’est peut-être pas la ligne de montage des cellules et des batteries sous l’œil d’opérateurs multifonction et de systèmes de contrôle de qualité faisant appel à l’IA. C’est l’électrolyseur (voir ou revoir notre reportage complet sur place) installé devant le bâtiment qui l’abrite. Indispensable pour produire de l’hydrogène « vert » et en faire un vecteur d’énergie incontournable pour la mobilité de demain dans les entreprises qui souhaitent décarboner dans les meilleures conditions possible leur flotte de véhicules. Les véhicules utilitaires tout particulièrement, dont, à terme les coûts d’usage se rapprocheront de ceux des véhicules électriques.