La transition écologique consiste à changer. Mais pour obtenir des résultats concrets, faut-il encore réfléchir, planifier, modéliser… De nombreuses marques automobiles à travers le monde investissent dans la recherche afin d’élaborer des pistes solides. Celles qui permettront d’ajuster les choix de production, de distribution, d’utilisation des véhicules aux objectifs du développement durable.
Et c’est précisément sur les fourgons électriques que ce billet va se concentrer, plus particulièrement sur leurs atouts dans la « lutte » contre les émissions de CO2. Le britannique Vauxhall (l’équivalent d’Opel sur notre territoire) a récemment publié les résultats d’une étude exclusive plutôt éloquente. Selon les chercheurs « près de 20 millions de tonnes de CO2 par an » seraient épargnées à la couche d’ozone si le Royaume-Uni ne capitalisait que sur des fourgons électriques au lieu de leurs équivalents thermiques. Ceci à l’heure où les camionnettes représentent 18,2 % des émissions annuelles liées au transport au Royaume-Uni et 4,6 % des émissions annuelles totales de carbone du pays.
Retour sur cette affirmation qui, sans surprendre particulièrement, permet d’exposer les enjeux de la décarbonisation.
Un passage à l’électrique bien marqué pour Vauxhall
L’abandon progressif mais déterminé des modèles thermiques pour privilégier les énergies renouvelables est un véritable objectif pour Vauxhall; pour le Groupe Stellantis de manière générale devrions nous dire. Mais concentrons nous sur l’acteur britannique, qui possède les moyens, les ressources et l’expertise pour avoir mené des travaux pointus.
Citons le communiqué de presse qui a posé les bases du présent article : « L’année dernière, plus de 16 000 VUL électriques ont été livrés aux entreprises et aux clients professionnels à travers le pays, une augmentation de 31.2% par rapport à l’année précédente ». Rare fabricant du pays à proposer aux flottes des fourgonnettes « full » électriques, Vauxhall se positionnait comme leader en 2022 avec son Vivaro Electric.
Il faut dire que de manière générale, les lignes directrices relatives à la mobilité verte se sont affinées ; les objectifs des gouvernements se veulent de plus en plus clair, et de plus en plus fermes.
En schématisant une conduite exclusive des fourgons électriques en Grand-Bretagne, les chercheurs se sont donc projetés… mais il y a bien une volonté forte de transformer les habitudes, les choix de fabrication, pour que cette omniprésence devienne une réalité. Plus qu’une volonté, c’est une feuille de route. Alors, selon quel échéancier ?
Quand Vauxhall voit les choses en grand… et en avance !
Chacun y va de son horizon pour la transition définitive vers une mobilité 100% électrique. Le gouvernement anglais s’est fixé la deadline de 2035. Vauxhall affiche une certaine ambition, et pour cause, ils envisagent l’atteinte du fameux objectif dès 2028.
Alors certes, il est plus facile de réussir à l’échelle d’une seule marque. Le défi n’en reste pas moins de taille. À l’heure actuelle, on peut même se demander si les planificateurs n’exagèrent pas leurs promesses. Bien que le Vivaro Electric ait remporté les honneurs -désigné « best-seller » des véhicules utilitaires électriques en 2022- il reste encore du chemin à parcourir avant de conquérir tout le public.
De manière générale, les anglais ne se montrent pas tous prêts à franchir le cap. La même année, « les VU électriques n’ont représenté que 5.9% des immatriculations de fourgonnettes, loin derrière les 16.6% de part de marché pour les véhicules particuliers électriques ».
Alors, doit-on s’attendre à une fulgurance ? D’où viendra-t-elle ?
Le gouvernement britannique compte bien accélérer le mouvement
Outre-manche – comme au sein de l’Union européenne d’ailleurs, globalement – on ne rigole pas quand il est question d’écoresponsabilité.
Des « menaces » de sanctions planent sur les constructeurs automobiles qui ne prendraient pas des mesures concrètes pour reléguer les moteurs à essence ou diesel au rang d’antiquités. Il est par exemple question d’imposer des amendes aux acteurs retardataires ou ne respectant pas les objectifs. Des seuils de pourcentage de vente doivent être fixés, sachant qu’à moins d’une annonce très récente aucun chiffre exact n’a encore été donné.
Nous comprenons aisément que les concernés, de leur côté, n’attendent pas cette précision pour agir. Chez Vauxhall, comme on le disait plus tôt, la consultation des statistiques de la SMMT (Society of Motor Manufacturers and Traders) et l’application de modèles de calcul pointus ont permis d’entériner des projections importantes, donnant à mieux comprendre les réclamations des autorités.
En partant du constat qu’avec « plus de 4,77 millions de camionnettes à essence ou diesel sur la route et avec un kilométrage annuel moyen de 13 000 miles selon le ministère des Transports, les conducteurs de camionnettes au Royaume-Uni parcourent plus de 62 milliards de miles par an. En utilisant l’estimation de 195,7 g de CO2/km (en guise d’émissions moyennes sur les actuels fourgons), Vauxhall a calculé les émissions annuelles comme équivalentes à plus de 19,5 millions de tonnes de CO2 ». Soit un « trop-plein » de carbone émis de presque 20 millions. Autant de tonnes de CO2, donc, qui pourraient être économisées chaque année, en renouvelant les flottes thermiques par des véhicules à batteries.
Alors, le fourgon 100% électrique serait-il la clé d’un « verdissement » absolu ? Soyons prudents.
Entre projections et réalité : des nuances à considérer
Nous n’avons aucun doute sur la sincérité de Vauxhall quand ils annoncent la fin proche de leurs déclinaisons thermiques, sachant que le constructeur possède une variante électrique sur l’ensemble de sa gamme VU (Combo, Vivaro, Movano). On ne perdra pas notre temps à distinguer la dimension marketing (ou la crainte des sanctions) d’un véritable souci écologique.
En revanche, nous tenons à rappeler que si les fourgons électriques en tant que tels ne dégagent plus de gaz délétères pour l’environnement : il y a d’autres secteurs de l’industrie à transformer et il faut toujours composer avec les émissions « cachées » (la production d’électricité suppose encore souvent un certain degré de pollution).
Mieux vaut donc garder un esprit critique, un certain recul face aux perspectives dessinées. Il est possible qu’une partie des espoirs soient déçue. De nombreux facteurs entrent en ligne de compte – ne serait-ce qu’au niveau du consommateur et des obstacles financiers.
Chez MyUtilitaire, nous restons en tout cas aux aguets pour vous fournir les informations les plus récentes à ce sujet. Un sujet toujours brûlant d’actualité.