L’électrification un levier de fructification financière ?

Fiat e-ducato

En ce début des années 2020, l’électrification des véhicules apparaît comme une préoccupation majeure. La transition énergétique rend le passage à une mobilité verte plus actuel que jamais.

Ainsi, de nombreuses études sont menées par les experts en la matière. En France comme ailleurs, tous les aspects sont passés au peigne fin : la dimension sociale, les possibilités matérielles, les efforts (inégaux mais réels) fournis par les constructeurs, la dimension politique évidemment… et l’inévitable question financière.

Il n’y a pas si longtemps encore, pour les privés comme pour les professionnels, la conduite des véhicules électriques était synonyme de cherté. Mais la donne change progressivement, notamment grâce à des technologies toujours plus développées et à une mobilisation massive des efforts internationaux pour réduire les coûts et affiner les stratégies de production, d’exportation ; le tout porté par un effort évident de collaboration.

Une étude très récente a justement consisté en une analyse de l’électrification sous cet angle économique ; et les conclusions s’avèrent particulièrement encourageantes. Le terme est presque trop faible, d’ailleurs, puisque Luca Bonaccorsi de chez Transport & Environnement, à l’origine de la « commande », annonce que le passage à l’électrique pourrait précisément booster les bénéfices du secteur automobile. Voilà quelques explications.

Une analyse financière aux résultats surprenants

Comme nous venons de l’évoquer, donc, cette analyse a été pilotée sous l’égide de Transport & Environnement. Cette institution joue un rôle fondamental sur le plan européen en ce qui concerne l’évolution de la mobilité électrique. D’année en année, de nombreuses problématiques sont passées à la loupe de ses experts, pour définir les meilleures stratégies à adopter, pour assurer une cohérence entre les avancées de la science et les pratiques sur le terrain.

Ce sont notamment eux qui ont lancé, récemment, une vaste étude concernant les batteries solides – un véritable bond en avant technologique, porteur d’espoir quant à l’autonomie et à la performance des véhicules fonctionnant à l’électricité.

Pour en revenir au sujet qui nous intéresse ici, nous n’entrerons pas dans les détails, forcément complexes, quant à la manière dont les données ont été analysées, recoupées, appréciées… mais c’est tout de même un panel de 6 grandes marques automobiles qui a été pris en considération, avec pour pivot ce qu’on appelle la « valeur de marché ». Autrement dit, tout simplement, les prix qu’ils peuvent espérer pratiquer à la vente et leurs performances boursières, par inférence.

Toujours selon cette étude Transport & Environnement, ladite valeur pourrait gonfler de… 800 milliards au total.

Un coup d’accélérateur comme facteur de croissance ?

Cet essor financier, toutefois, ne surviendrait que si les constructeurs automobiles revoyaient – au moins en partie – leur stratégie d’électrification. Actuellement, aucun d’eux ne néglige la question – ce serait franchement étonnant sur le plan marketing – mais il y en a qui se montrent plus rétifs, plus lents que d’autres.

Les chercheurs de Transport & Environnement considèrent cette lenteur comme contre-productive. Les conclusions tirées de leur analyse conduisent à privilégier un essor rapide, concret, délaissant plus vite que prévu les moteurs thermiques au profit des batteries.

Certains questionneront peut-être l’objectivité de ces constats. En effet, Transport & Environnement n’a-t-il pas intérêt à mettre la transition énergétique en valeur, quitte à en exagérer un peu les bienfaits économiques ?

Nous n’entrerons pas sur ce terrain. Plutôt, découvrez pourquoi, selon les responsables de la fameuse analyse, une électrification rapide serait une aubaine pour les constructeurs et autres acteurs du secteur automobile.

La stratégie d’électrification comme preuve d’anticipation

À ce stade, certains détracteurs du passage au « tout électrique », ou du moins à un processus trop rapide, craignent que cette précipitation ne nuise au marché de l’emploi. Qu’une « course pour le climat » soit synonyme de récession sur le moyen terme.

Pour les chercheurs de Transport & Environnement – plus exactement ceux de Profundo, le cabinet auquel les observations ont été confiées – il n’en est rien. Au contraire, l’électrification constituerait un pari solide sur l’avenir.  

Les perspectives qui se dessinent sur le marché des véhicules thermiques, en effet, ne semblent que peu réjouissantes. Il faut dire que les gouvernements européens – la France s’avère particulièrement proactive d’ailleurs – mettent tout en œuvre pour catalyser le passage à l’électrique. Le fameux dispositif « France 2030 » et ses objectifs très ambitieux en termes de mobilité verte ne constitue qu’un exemple parmi beaucoup d’autres.

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Les concessionnaires et autres intermédiaires de l’industrie automobile suivent sensiblement le mouvement. Là où la voiture, le véhicule utilitaire ou autre moyen de transport électrifié paraissait réservé à une poignée d’idéalistes auparavant, la tendance a « glissé ». La pratique se popularise.

En organisant rapidement la transition vers l’électrique, les grands pontes de l’automobile feraient donc preuve d’une anticipation gagnante – ils éviteraient, d’après Profundo, un véritable « suicide financier ». Le terme paraît excessif. Il a en tout cas le mérite d’appuyer clairement la thèse de ces analystes.

Les marchés financiers comme scène privilégiée des événements

Souvent, la santé économique d’un secteur ou d’une entreprise dépend étroitement de son destin sur les marchés financiers. En l’occurrence, Toyota, BMW, Mercedes et tant d’autres grands noms de l’univers automobile verraient leur cotation décoller en affirmant de manière plus décisive leur démarche d’électrification – sachant que certains ont d’ores et déjà manifesté leur enthousiasme.

S’il fallait donner quelques chiffres, et sachant que cela reste des projections à ce stade, la valorisation de Mercedes-Benz atteindrait les 471%, par exemple. Volvo Cars afficherait un score un peu plus chiche (245%), pour une raison assez simple : ils ont déjà pris des mesures fortes, et ont donc une marge de projection plus faible.

Toujours est-il qu’apparemment, l’enthousiasme de Profundo, par truchement celui de Transport & Environnement, paraît se baser sur une appréciation de l’impact produit par l’électrification sur la valeur boursière des marques. 

N’oublions pas que les performances sur les marchés financiers comportent une part sérieuse de subjectivité. La spéculation suppose de « parier » sur les performances de telle ou telle entreprise, en fonction de ses choix, de ses accomplissements récents… 

Il se pourrait bien que l’électrification soit justement le vecteur d’une bonne « réputation » ; un encouragement au placement influencé par les lignes politiques dominantes. La transition énergétique est devenue une sorte d’évidence, et un gage de confiance pour un grand nombre d’acteurs financiers. 

Les normes de l’Union Européenne : un socle de l’électrification

Les investigations organisées et rapportées par Transport & Environnement ont aussi donné lieu à quelques remarques concernant l’impact de la politique, justement, sur la progression de l’électrification. Les normes, la réglementation devraient devenir de plus en plus strictes pour que la production et la distribution des véhicules thermiques devienne de moins en moins attractive.

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Il faut donc voir à quel point les décisions prises par la Commission européenne coïncideront avec les ambitions des organismes tels que Transport & Environnement. Une chose est sûre : la France ne manque pas de défenseurs dans le domaine de l’électrification. 

La transition (plus) rapide vers le tout électrique : une stratégie gagnante ?

Au sortir de cet article, nous invitons les lecteurs à se forger une opinion sur la question. La recherche a été menée de manière sérieuse, complexe, notamment grâce à l’établissement de plusieurs scénarios. 

Mais les chiffres présentés ne sont-ils pas démesurés ? Peut-on vraiment espéré une valorisation aussi forte ? Une chose est certaine : les véhicules électriques, que ce soit dans le domaine de l’utilitaire ou au sein des garages privés, n’ont jamais autant fait parler d’eux. À l’ère d’un dérèglement climatique inquiétant, où le passage aux énergies renouvelables et à la neutralité carbone semble plus important que jamais, les moteurs d’antan n’ont plus la cote.

Les constructeurs automobiles ont donc tout intérêt à envisager leur réorientation dans les années à venir. Il reste à voir si l’urgence est si grande (sur le plan économique, donc) que le laisse envisager Profundo. Chaque marque aura la responsabilité de définir son rythme.

Si vous hésitez encore retrouvez les 6 bonnes raisons de passer à l’électrique selon notre rédaction.

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