La transition énergétique fait naître de nombreuses inquiétudes… mais aussi une série de partenariats qui peuvent s’avérer rapidement porteurs et positifs pour l’industrie automobile. En l’occurrence, c’est à l’association du constructeur généraliste Renault Group et de la start-up Phoenix Mobility que nous allons consacrer cet article. Les deux entités décident d’unir leurs forces au service d’un innovant projet de « rétrofit » dans le domaine des véhicules utilitaires légers.
Découvrez en quoi consiste cette opération, et ce que cela peut apporter au secteur en cette décennie particulièrement centrée sur la mobilité électrique et ses enjeux.
Le « rétrofit électrique » : de quoi s’agit-il ?
Le rétrofit est un anglicisme désignant le fait de « faire du neuf avec du vieux », pour parler en des termes populaires. Il est question de greffer à des engins, à des dispositifs, en l’occurrence à des véhicules plus anciens… des pièces nouvelles. On redonne ainsi un nouveau souffle aux objets désuets, ou qui ne correspondent plus aux attentes.
Bien sûr, une telle entreprise ne s’improvise pas. Sur le plan réglementaire et technique, il y a de nombreux paramètres à considérer. En conjuguant leur savoir-faire et leur expérience, justement, Renault Group et Phoneix Mobility devraient pouvoir transformer leurs ambitions pour aboutir à une électrification intelligente de certains modèles.
L’idée principale est évidemment d’accélérer et de diversifier le passage à l’électrique – ce genre d’initiatives vient compléter celles qui consistent tout simplement à construire de nouveaux véhicules électriques.
Un partenariat dans l’air du temps
Le secteur de l’automobile, que ce soit pour les voitures privées, les poids lourds ou encore les véhicules utilitaires, est sans doute l’un des plus touchés par les objectifs liés à la transition énergétique. Les constructeurs, les fournisseurs et évidemment les conducteurs seront tous impliqués et impactés, d’une manière ou d’une autre.
Il faut dire que dans les sphères politiques, les normes, les exigences se veulent de plus en plus marquées. Pour viser la réduction de 55% des émissions de gaz à effets de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990), il faut repenser sa manière de planifier, de construire, de distribuer et de consommer.
Le cas que nous mettons en lumière ici est particulièrement intéressant, puisqu’il pose une nouvelle pierre à l’édifice de la mobilité verte. Jusqu’ici, aucune offre de cette ampleur n’avait été lancée sur le marché – de véritables kits seront déployés dans une optique de réaménagement – c’est d’ailleurs le nom plus français que l’on donne au rétrofit. Il consiste donc en une coordination des efforts de deux acteurs : Renault Group d’un côté, et Phoenix Mobility de l’autre, pionnier français du rétrofit des véhicules utilitaires, soulignons-le.
Les différentes étapes de la collaboration
Il ne faut pas s’attendre à une commercialisation de but en blanc. Le processus se veut progressif, avec pour commencer un « Proof of Concept » – une mise à l’épreuve, donc. Si l’essai s’avère fructueux, le premier kit concernera le véhicule utilitaire Renaut Master, dès 2023.
Et il s’agit encore d’une étape intermédiaire ; d’une « démonstration » à plus ou moins grande échelle reposant sur l’écoulement de 1000 kits. Les deux coopérants espèrent ainsi faire découvrir les vertus de ces solutions clé en mains, sur plusieurs points. Il faut reconnaître que grâce au « rétrofit », la nécessité d’acheter un nouveau modèle s’avère moins pressante – grâce aux pièces du « kit », l’on peut rendre une fourgonnette, un van ou autre engin plus écologique sans opérer une transition trop brusque et/ou trop coûteuse.
L’idée est évidemment de se baser sur ces premières tentatives pour tirer un bilan initial, et décider ou non de poursuivre l’effort. Si les premiers retours sont positifs et que cette dynamique séduit les clients, cette solution sera potentiellement étendue à d’autres modèles de la gamme utilitaire Renault.
Une conjugaison des talents au service de la mobilité électrique
Chacun des deux acteurs a un rôle spécifique à jouer dans l’équation :
- Renaut Group prend en charge l’aspect technique et industriel, opérant au sein de l’usine Re-Factory à Flins. Il faut savoir que ce site n’en est pas à son premier coup d’essai. De nombreuses infrastructures sont déjà en place, et pour cause : les lieux s’avéraient déjà consacrés à l’économie circulaire avant la mise en branle du projet.
Pour rappel, le terme « économie circulaire » renvoie à tout ce qui concerne le recyclage, le réinvestissement – en somme, ce qui permet de donner une nouvelle vie aux pièces, aux objets partiellement réutilisables… - Phoenix Mobility, déjà familier de la conversion des véhicules utilitaires légers thermiques en véhicules électriques et s’étant forgé une certaine réputation dans ce domaine du rétrofit, s’occupe de l’aspect marketing.
Il est important de relever que cette synchronisation des compétences ne devrait pas s’arrêter à la distribution des kits de transformation. Renaut veut faire du centre de Flins une véritable plaque tournante de l’Économie Circulaire – dans le secteur de l’automobile, tout du moins.
Encore une fois en ce début des années 2020, l’on assiste donc à la naissance et à la mise en application d’un projet concret, basé sur l’intérêt croissant (doux euphémisme) pour l’électrification des véhicules en France et sur tout le territoire européen. Nous verrons dans quelle mesure les deux partenaires tiennent leurs promesses – mais au vu de l’investissement engagé, on voit mal comment le résultat pourrait décevoir les acteurs concernés.