En parallèle du Salon Hyvolution, c’est à un autre évènement (lui aussi en lien avec l’objectif zéro émission sur nos routes), auquel la rédaction MyUtilitaire a pu assister jeudi dernier au Bois de Boulogne. MAN avait en effet rassemblé différents acteurs pour échanger le temps d’une matinée sur le thème de « la décarbonation du transport routier ».
Un enjeu commun à tous les acteurs en présence
Lors de cette prise de parole du 1er février sur la thématique de « la décarbonation du transport routier » introduite par Jean-Yves Kerbrat, Directeur Général de MAN Truck & Bus France, les équipes de MAN ont bien sûr présenté leur feuille de route passant indéniablement par l’électrique. Mais ce n’est pas tout. MAN avait pris le soin de réunir d’autres intervenants de qualité venus apporter leur propre éclairage quant à cet enjeu environnemental commun.
Car non, le passage à l’électromobilité ne se limite pas à l’achat d’un véhicule électrique, qu’il s’agisse d’un autobus, d’un poids lourds ou d’un fourgon utilitaire 100% électrique (comme sait très bien le faire le constructeur MAN, notamment avec son eTGE). Le passage à l’électromobilité implique tout un écosystème.
Voilà pourquoi la conférence organisée par MAN aura permis à plusieurs acteurs extérieurs mais non moins incontournables (pouvoirs publics, fournisseurs d’énergie, chambre syndicale des constructeurs…) de faire un état des lieux pointu de la situation à date et à venir.
Et c’est là où résidait tout l’intérêt de cet évènement mêlant les points de vue des différentes parties prenantes :
–Xavier-Yves Valère, Chef de la mission fret et logistique, Direction Générale Infrastructures Transports et Mobilités de la Direction Générale de l’Énergie et du Climat,
–Fabrice Bonnifet, Président du Collège des Directeurs du Développement Durable (C3D) et Directeur Développement Durable & Qualité Sécurité, Environnement du Groupe Bouygues,
–Pierre de Firmas, Directeur Mobilité Électrique d’Enedis,
–Mathieu Soulas, Directeur Nouvelles Mobilités & Marketing de TotalEnergies,
–Christelle Vives, Directrice Générale d’IZIVIA (Groupe EDF),
–Marie Defrance, Adjointe déléguée à la Présidence de la CSIAM (Chambre Syndicale Internationale de l’Automobile et du Motocycle).
Alerter, informer, accompagner…une discussion à 360° !
Comme vous pouvez vous en douter, chacun s’est exprimé sur son sujet de prédilection et l’on peut retenir plusieurs formes de discours : celui fait pour alerter, pour informer ou pour accompagner. La course à la décarbonation étant le « travail de tous » et représentant « un travail collectif ».
Du côté de Fabrice Bonnifet et sa vision à long terme, le message fut on ne peut plus clair, « le sujet climatique est clairement dramatique ». Pour lui, il faut oser parler de sobriété plutôt que de transition écologique et repenser notre mode de consommation. Passer du tout thermique au tout électrique ne suffira pas, cela va bien au-delà. Il faut « réduire le transport de tout et n’importe quoi » insistait-t-il, et « agir le plus vite possible ». « On a dépassé les limites depuis longtemps. Si on n’opère pas un vrai virage, trois cinquièmes de la planète sera inhabitable d’ici la fin du siècle avec un réchauffement de 4 à 6 °C ». Le contexte est posé !
Du côté des trois énergéticiens Izivia, Enedis et TotalEnergies, leur lecture des enjeux en termes de décarbonation de la mobilité lourde s’avérait tournée dans la même direction. Elle passe par la mise en place d’une infrastructure adéquate pour anticiper les besoins de recharge des transporteurs et leurs impacts sur le réseau de distribution d’électricité. Entraînant par là même d’importants travaux et investissements. Il est donc essentiel que les transporteurs soient bien accompagnés pour entamer cette décarbonation de leurs activités, que ce soit via le bon véhicule pour le bon usage ou via la bonne infrastructure de recharge. « Tant au dépôt qu’en itinérance » pour une meilleure gestion de flotte.
On retiendra également de la politique française, qu’elle mise sur « cette évidence technologique » dixit Xavier-Yves Valère, avec en tête un objectif : celui « d’un camion sur deux vendu en 2030 » qui devra être électrique. Ceci afin de réduire les émissions de CO2 globales, quand on sait qu’en France, le transport routier est particulièrement structurant ; 90 % des marchandises étant transportées par la route. Pour amorcer la transition, plusieurs enveloppes ont d’ailleurs déjà été débloquées : 20 millions € en 2022, 60 millions € en 2023 et ce sera 130 millions € en 2024 via un appel à projet de l’ADEME, Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie.
Enfin, et comme il revient à l’Etat de construire les conditions de cette amorce, on retrouve des subventions et aides pour faciliter la transition énergétique des entreprises de transport, avec différents critères d’attribution ou avantages fiscaux, qu’il s’agisse d’un achat, d’un crédit-bail ou d’une location longue durée.
MAN se dit prêt pour la bascule vers l’électrique
« Le moment est venu » a rappelé Jean-Yves Kerbrat, Directeur Général de MAN Truck & Bus France, en fin de conférence. Et en effet, MAN a visiblement bien pris la mesure de la problématique liée à la « décarbonation du transport routier ». Avec près de 54 millions de tonnes de CO2 , le transport routier lourd reste à l’origine de 12 % des émissions de gaz à effet de serre sur le territoire français. Sa décarbonation revêt donc un aspect prioritaire.
Ainsi, si MAN envisage d’être neutre en émissions de GES d’ici 2050, en 2030 à mi-parcours le constructeur de camions et d’autobus a pour objectif de réduire globalement de 28 % les émissions de GES par véhicule (année de référence 2019) et de 70 % les émissions de gaz à effet de serre sur ses sites dans le monde entier (année de référence 2019). On assiste à « une transformation du produit mais aussi de toute l’entreprise », reconnaît Frederik Zohm, Executive Board Member for Research and Development, MAN Truck & Bus SE.
Indispensable pour atteindre les objectifs durables, le levier « produit » mise sur la propulsion électrique à batteries, beaucoup plus mature et déjà disponible (à travers les véhicules MAN Lion’s City E, MAN eTGX, MAN eTGS et MAN eTGE). L’hydrogène reste une option, avec des projets pilotes mais encore en phase de recherche…
