Connaissez-vous l’European New Car Assessment Program (Euro NCAP)? Il s’agit d’un organisme basé en Belgique, et spécialisé dans le domaine de la sécurité automobile. Leurs tests et leurs analyses permettent, depuis 1996, de déterminer la fiabilité des véhicules circulant en Europe.
Dans le cadre de leurs prérogatives, ils ont établi un bilan complet concernant la sécurité des véhicules utilitaires en 2021. Plusieurs éléments intéressants ressortent du document, et c’est pourquoi nous avons décidé de lui consacrer ce billet.
Découvrez, dans les lignes à venir, un état des lieux concernant la place que les VU occupent dans le quotidien – essentiellement professionnel, donc – des européens. La publication d’Euro NCAP, outre la question centrale de la sécurité qu’elle soulève, permet d’apprécier, d’observer certains changements liés aux spécificités des années 2020.
Le véhicule utilitaire : une place plus importante que jamais en ce début de décennie ?
La crise pandémique n’a pas attendu longtemps avant le début des années 2020 pour éclater. En mars déjà, le monde était bouleversé dans ses habitudes. Les habituelles sorties, les voyages par millions autour du monde, ont brusquement cessé. Le premier confinement, celui qui nous aura sans doute le plus marqué par son caractère inédit, a impacté la société de manière durable.
Comme pour tout événement de cette envergure, certains ont profité du nouveau paradigme… tandis que d’autres ont subi les fermetures de plein fouet.
En l’occurrence, dans le secteur de la livraison, on peut clairement parler d’une expansion. Voire d’une explosion. Oui, l’homme moderne n’a pas attendu le COVID19 pour se faire livrer des plats à domicile. Certes. Mais ce qui n’était qu’une possibilité parmi d’autres est, pour beaucoup, devenu une nécessité. Certains foyers qui ne « commandaient » jamais, ou rarement, en ont fait une habitude.
À cette occasion, les véhicules utilitaires ont pris une vraie importance. Parmi les engins qui ont vu leur courses se multiplier, il y a les fameux « véhicules utilitaires légers », ou VUL.
Ainsi, il paraît naturel de faire le point sur leur fiabilité. L’augmentation du trafic a-t-elle fait ressortir un danger particulier sur les routes et en ville? Quels sont les enjeux sécuritaires liés aux VU(L) ?
Zoom sur la sécurité des VUL
Tout d’abord, et il paraît presque inutile de le préciser : plus il y a de fourgonnettes et de camionnettes en circulation… plus les risques d’accidents sont importants. Si nous le précisons, c’est pour relever que oui, la proportionnalité a été prise en compte.
Ceci établi, voilà une synthèse des constats effectués par Euro NCAP :
- Le nombre de collisions occasionnées par les VU ne s’avèrent pas particulièrement plus haut ou plus bas que pour les autres types de véhicules.
- Selon les statistiques établies par la Commission européenne, les VU sont à l’origine de 4% des accidents ayant entraîné la mort ou étant à l’origine de blessures nécessitant une hospitalisation.
- La gravité des accidents est globalement plus importante pour les autres véhicules impliqués que pour les passagers de la camionnette ou fourgonnette en cause.
- Cette différence est liée aux choix de construction. Les véhicules utilitaires bénéficient d’une meilleure protection – les constructeurs maximisent les dispositifs anti collision, que ce soit dans une optique préventive (aides à la conduite) ou purement défensive (facture du véhicule, systèmes de protection intégrés).
Attention toutefois : le tableau brossé par l’Europ NCAP fait ressortir certaines failles. Si les véhicules utilitaires « s’en sortent » mieux que les autres lors d’une collision, cela ne signifie pas forcément que les passagers, eux, sont toujours en sécurité.
Au terme des tests effectués, les équipes en charge ont constaté que certains mécanismes de protection internes à l’habitacle, comme les « airbags rideaux latéraux de série », manquaient trop souvent à l’appel. Ils étaient même absents lors d’un examen concernant tout de même 19 modèles de fourgonnettes.
Le constat est différent – et heureusement – pour les modèles servant au transport des personnes. En l’occurrence, le parc de sécurité apparaît plus solide.
Des tests visant à améliorer la sécurité globale pour les conducteurs et passagers de l’UE
Bien sûr, toutes ces investigations n’ont pas pour vocation à constater les problèmes… sans les régler. Il est question, notamment, de faire évoluer le règlement de sécurité générale de l’UE (GSR).
Pour ce faire, l’accent est donc mis sur la fiabilité (ou la présence, tout simplement) de certains éléments destinés à la sécurité. Mais aussi sur les précieux SAAC, ou systèmes avancés d’aide à la conduite. Ces dispositifs préventifs, sans cesse améliorés par la technologie, sont passés à la loupe des testeurs.
Un protocole consacré (l’Euro NCAP Safety Assist) a permis d’évaluer sérieusement et méthodiquement la précision et l’efficacité des dispositifs d’assistance. Le tout complété par une vérification du « rappel de ceinture » ; celui-là même qui alerte en cas d’oubli ou de négligence.
Un peu comme dans une compétition sportive, les responsables de l’audit ont alors décidé d’attribuer une « note », censée représenter la « performance globale pondérée » des véhicules utilitaires.
Et nous ne faisons pas cette comparaison avec les événements sportifs pour rien : le score est attribué selon une échelle allant de platine (performance de 80% ou plus) à bronze (performance égalant ou dépassant 20%). À noter qu’en dessous de 20%, on parle de véhicule « non-recommandé ».
Tout est alors publié de manière transparente par l’Euro NCAP.
Nous n’allons pas nommer de marques ou de modèles à l’occasion du présent article ; toutefois, nous pouvons vous donner un aperçu du bilan tiré.
Bilan des études menées par l’Euro NCAP : que peut-on en retenir ?
Malheureusement, les constats délivrés par les chercheurs de l’organisme ne sont pas toujours réjouissants. Apparemment, l’équipement d’aides à la conduite se montre rarement à la hauteur des espérances. Il y a un décalage entre les possibilités offertes par la technologie… et ce qui se passe effectivement une fois installé dans l’habitacle.
Voici quelques problèmes constatés par les analystes :
- Sur un plan marketing, il y aurait un manque de cohérence entre les annonces faites par les constructeurs… et la réelle disponibilité des systèmes d’aide, souvent proposés en option.
- Cela débouche soit sur une livraison impossible dans les pires cas, soit sur une prolongation excessive des délais.
- Globalement, les aides à la conduite (lorsqu’elles sont installées/disponibles) se montrent suffisamment performantes, mais semblent « à la traîne » comparativement à leurs équivalents pour les voitures classiques. Ni les dispositifs de détection des angles morts, ni l’aide au changement de voie ne s’avèrent aussi efficaces que ceux à destination des particuliers.
- Les fonctions manuelles, à l’ère où l’automatisation est grandement facilitée, sont encore trop présentes. C’est notamment le cas en ce qui concerne l’aide à la limite de vitesse – pour autant qu’elle fasse partie de l’équation.
Vous vous demandez alors sans doute si certains modèles ont reçu la mention « non-recommandé »…
… et la réponse est oui. Apparemment, les constructeurs ne fournissent pas toujours les efforts suffisants à une sécurisation optimale. On est même loin, pour certains, de ce que le progrès technique observé depuis plusieurs années laisse imaginer.
Alors, que penser de ces résultats ? Qu’est-ce que cela nous apprend sur le marché des véhicules utilitaires ?
Une sécurité à revoir pour certains modèles de VU : comment interpréter ce phénomène ?
Nous ne sommes pas ici pour juger les fabricants. Encore une fois, nous n’avons pas cité de marques car notre but n’est pas de « dénoncer ». En revanche, il est important de réfléchir. De se demander pourquoi certaines compagnies prennent un tel retard.
On peut sans doute trouver une des explications dans la fameuse question des « options ». Pour des raisons budgétaires, certains constructeurs préfèrent ne pas intégrer les dispositifs d’aides à la conduite au véhicule en tant que tels. Ils en font une possibilité, que l’usager est totalement libre de commander ou non.
Il est également possible que les retardataires rencontrent des problèmes logistiques. La technologie évolue rapidement. Les transactions internationales rencontrent de nombreuses perturbations en cette nouvelle décennie complexe.
Cela dit, espérons que les rapports établis par l’Euro NCAP et d’autres organismes équivalents servent d’accélérateur. Il est dommage que la très bonne résistance globale des VU aux collisions ne soit pas globalement complétée par un solide système de sécurité intérieure et des aides à la conduite dignes de ce nom. Dans les années à venir – le plus rapidement possible, d’ailleurs – espérons que ce décalage soit pris en considération.
Plus d’informations : https://www.euroncap.com/fr