- Les troubles musculo-squelettiques : une définition simple
- Les TMS : est-ce vraiment grave ?
- Troubles musculo-squelettiques : comment les éviter ?
- Comment assurer la prévention des troubles musculo-squelettiques au travail ?
- Les troubles musculo-squelettiques : un enjeu sérieux pour les conducteurs professionnels
Les troubles musculo-squelettiques, parfois aussi abrégés par TMS, n’ont rien d’un problème marginal ou isolé. Bien au contraire, il s’agit d’une affliction majeure, qui selon de récentes statistiques « représente 88% des maladies professionnelles reconnues par le régime général ».
Parmi les travailleurs concernés, on retrouve des experts du transport, de la logistique ou encore de la livraison – ces professionnels polyvalents auxquels MyUtilitaire consacre très régulièrement ses articles, ses essais et ses dossiers. L’objectif principal est justement d’expliquer ici comment prévenir ces troubles, avec un focus sur les déplacements routiers.
Nous tenons à préciser que ce guide ne remplace aucunement l’intervention d’un médecin. Il reste essentiel de contacter un spécialiste si vous éprouvez des douleurs et/ou un inconfort. Toutefois, ces quelques lignes permettent de faire le point sur les bons réflexes à adopter, tout comme sur les facteurs de risque à connaître.
Tenir compte des TMS lors des déplacements professionnels n’implique pas de changer ses habitudes radicalement. Il est possible de ménager son dos, ses épaules ou encore ses poignets grâce à quelques solutions. Chacun(e) d’entre vous se forgera une opinion face aux différentes options.
Mais avant de livrer les astuces, ou disons les bonnes pratiques qui ont fait leur preuve, il est important de définir le fléau. Une petite approche théorique permet de mieux comprendre les risques et les enjeux. Commençons.
Les troubles musculo-squelettiques : une définition simple
Derrière la désignation « troubles musculo-squelettiques », on retrouve plusieurs pathologies. Ces dernières ont, comme le nom l’indique, un point commun : elles impactent l’intégrité des muscles, mais aussi des tendons, des ligaments ou encore des articulations.
Là où certains problèmes de santé peuvent être difficiles à expliquer, celui-ci trouve généralement sa source dans ce que l’on appelle l’hyper-sollicitation.
La comparaison a ses limites, évidemment, mais dans une certaine mesure, notre corps repose sur une mécanique similaire à celle des véhicules. Si l’on se sert d’un 4X4, par exemple, de manière quasi interrompue… il finira par montrer des signes « d’épuisement ». Une escale chez le garagiste s’imposera si l’on souhaite s’en servir encore.
De même, la machine anatomique a ses limites. Lorsque les muscles, les nerfs et autres parties du corps humain sont mobilisés constamment (et parfois intensément), cela provoque des microtraumatismes. A priori inoffensifs, ils vont se « transformer » en douleurs chroniques avec le temps.
Quelles sont les zones du corps particulièrement touchées par les TMS ?
Nous avons déjà mentionné, ci-dessus, la « cartographie » des troubles musculo-squelettiques. Cependant, il semble intéressant de récapituler les parties du corps concernées – et ce en les appliquant aux métiers du transport.
Parmi les zones régulièrement évoquées, on retrouve :
- Le dos. C’est là que se situent la majorité des complications. Les douleurs cervicales et lombaires constituent une vraie calamité ; notamment chez les chauffeurs routiers ou les manutentionnaires.
- Les poignets et les mains. Véritable vecteur de productivité, ce duo est très souvent sollicité.
- Les épaules et les bras, poussés dans leurs « retranchements » par les gestes répétitifs réalisés au fil des missions.
Plusieurs facteurs, plusieurs causes permettent de comprendre le phénomène. Il est temps de les mentionner.
Comment se développent les troubles musculo-squelettiques ?
Puisque chaque physiologie est unique, la résilience varie grandement d’un individu à l’autre. Certains opérateurs peuvent rouler très longtemps avant de ressentir la moindre souffrance. D’autres, en revanche, verront poindre les premiers signes rapidement.
Afin de remonter aux causes des TMS, plusieurs pistes sont à explorer :
L’hypersollicitation
La plus évidente, celle que nous avons déjà citée, correspond à la sollicitation importante des parties du corps concernées. Certains mouvements paraissent tout à fait anodins. Tourner le volant, porter une charge, manipuler des systèmes de commande… tout cela s’inscrit dans une routine intégrée. Mais notre anatomie ressent l’accumulation des gestes – y compris les plus simples d’entre eux.
Un environnement de travail et un matériel inadéquats
Les choix discutables en termes d’environnement professionnel fournissent eux aussi une explication, dans certains cas. Les gestionnaires de flotte (lire aussi notre dossier dédié) jouent un rôle précieux à cet égard : ils veillent au confort et à la conformité des moyens de transports utilisés.
Le travailleur lui-même prendra soin d’ajuster certains paramètres : la hauteur du siège ou la position du volant ne sont pas des détails à négliger. Au fil du temps, un calibrage inadapté impactera la santé et le bien-être des concernés.
Les vibrations mécaniques
Les vibrations mécaniques ont un effet très discret. Il ne faut pas les sous-estimer pour autant. Conséquences de la manière dont le véhicule est « confronté » à l’environnement routier, ces oscillations parfois imperceptibles se transmettent à travers le siège et le volant. Petit à petit, elles mettent la colonne vertébrale et les disques intervertébraux à rude épreuve.
Les postures
Instinctivement, l’on pourrait penser que rester assis(e) n’a pas de véritable incidence sur l’anatomie. Or la réalité se révèle plus compliquée. Lors des phases d’immobilité dans cette position, une compression s’exerce sur les vertèbres. Pire encore, les muscles peuvent manquer d’oxygénation.
Il est intéressant de noter que notre corps n’est pas supposé, primitivement, garder une position assise trop longtemps. C’est une habitude nouvelle pour notre espèce – en tout cas si l’on prend un peu de hauteur sur le plan historique.
Les dérives de la sédentarité font l’objet de plusieurs études sérieuses. Les chercheurs ne cessent de s’interroger sur le lien entre certaines pathologies et le côté « statique » de nombreux métiers. Malheureusement, les opérations liées au transport entrent dans cette catégorie.
Les TMS : est-ce vraiment grave ?
À ce stade de nos explications, il convient de soulever une question délicate. Les troubles musculo-squelettiques sont-ils fondamentalement graves ?
Si l’on s’en tient aux conséquences directes de ces troubles, la réponse est non. Certes très problématiques, les TMS ne peuvent évidemment pas, en tant que tels, mener au décès d’une personne. En revanche, ils se trouvent aux racines d’autres complications, qui impactent la santé au-delà des douleurs physiques.
Quelles sont les conséquences potentielles des TMS sur la santé ?
En effet, et selon une « dynamique » sournoise, les TMS mènent parfois à :
- Des états de fatigues importants. À cela s’ajoute un haut niveau de stress. La souffrance mobilise une partie significative des pensées au quotidien.
- Il devient plus difficile de se concentrer au travail. Certaines tâches, jusqu’ici automatisées, représentent un obstacle ; voire un défi. Les opérateurs perdent en productivité. Un arrêt de travail peut devenir inévitable.
- L’arrêt de travail, particulièrement lorsqu’il survient dans de telles circonstances, reste un vecteur majeur d’isolement social. Dans plusieurs cas, des états dépressifs touchent les individus impactés.
Nous n’avons pas conçu ce dossier pour constater seulement. Puisque nous avons contextualisé ce problème de santé publique et délimité ses contours, on peut maintenant s’interroger sur ce qu’il est concrètement possible de faire.
Troubles musculo-squelettiques : comment les éviter ?
On peut approcher la question des TMS sous au moins trois angles :
- Celui de la prévention. Les travailleurs et leurs cadres mettent en œuvre plusieurs moyens pour limiter (idéalement éviter) la manifestation des troubles musculo-squelettiques et les conséquences qui en découlent.
- Celui de la détection des symptômes. Malgré toutes les précautions prises, il arrive que nos muscles, nerfs et autres « composants » anatomiques montrent des signes de faiblesse. Il est alors essentiel de reconnaître les douleurs, de détecter les manifestations, dès les premiers signaux d’alertes.
- Celui de l’action et de la réaction. Plutôt que de compter sur une rémission, il vaut mieux confronter les troubles. Plus on repousse cette étape, moins il sera facile d’apaiser les zones touchées.
Concentrons-nous sur le premier angle, puisque c’est le sujet principal du présent dossier. Une chose est sûre : il n’y a pas de fatalité !
Comment assurer la prévention des troubles musculo-squelettiques au travail ?
Chez MyUtilitaire, nous nous adressons principalement aux professionnels utilisant des véhicules utilitaires au quotidien. Pour autant, les bonnes pratiques en termes de prévention des TMS s’appliquent à bien d’autres métiers – il suffit d’adapter ses choix au contexte, aux outils, aux conditions de chaque assignation.
Si l’on recentre notre propos sur le domaine des transports, des livraisons et autres opérations équivalentes, voici les dispositifs de prévention à considérer.
Une routine personnelle complémentaire : l’importance de l’exercice physique
Faire du sport n’a pas uniquement un effet positif sur le système cardio-vasculaire. Les étirements, les exercices de renforcement musculaires permettent de « préparer » son corps aux pratiques exigeantes qui ponctuent la routine professionnelle.
En réalité, la prévention commence… à la maison ! Ou plus exactement, en dehors des heures de travail. S’abonner à une salle de sport, ou ne serait-ce que suivre quelques tutoriels fiables sur Internet, mettra votre corps dans de bien meilleures conditions.
Sur le terrain, songez aux étirements. Un focus sur les muscles du dos, des épaules et des jambes participe à l’effort global. Un spécialiste (lire aussi notre article avec les recommandations d’un ancien athlète) pourrait, au demeurant, vous livrer quelques conseils – vous indiquer des exercices ciblés qui marquent clairement la différence.
Définir des pratiques de conduite précise pour ménager son corps
Conduire « comme on le sent », sans réfléchir à son rythme et à ses mouvements… augmente les risques de TMS.
- L’élaboration du planning devrait permettre d’intégrer plusieurs pauses. À titre indicatif, vos précieux muscles, nerfs et tendons apprécieront un moment de dégourdissement durant 10 à 15 minutes, toutes les deux heures.
Naturellement, il faut quitter le véhicule lors de ces « breaks » ; le corps retrouve alors sa liberté de mouvement. La circulation sanguine s’améliore, et les muscles parviennent à se détendre progressivement.
Précisons qu’une série d’étirements et de gestes simples suffisent, si nécessaire. C’est « mieux que rien », si l’on ose l’expression.
- On veillera, dans la mesure du possible, à alterner les mouvements. Varier la position des mains sur le volant, changer l’angle d’assise ou effectuer de petites rotations de la nuque et des épaules limite les sollicitations excessives des mêmes groupes musculaires. Ainsi, vous « répartissez » mieux les efforts fournis.
Suivre des formations spécifiques
En France, l’éventail des formations dispensées aux professionnels se veut particulièrement généreux. Les fonds disponibles au niveau du compte personnel de formation (CPF) favorisent l’évolution des pratiques en cours d’emploi.
Si vous travaillez dans le domaine des transports et cherchez une solution pour prévenir les troubles musculo-squelettiques selon un canevas concret, il convient de s’adresser à votre employeur.
Dans un registre moins formel, il existe des vidéos particulièrement complètes et claires sur la question.
Anticiper les TMS selon une approche holistique
Les TMS, nous l’avons vu un peu plus tôt, sont intimement liés à notre état psychologique. Certaines pratiques comme la méditation, plus globalement la relaxation, favorisent le bien-être des travailleurs. Il devient alors plus facile de contrôler ses mouvements, de rester focalisé(e) sur ses sensations et de rester en lien avec son corps.
Bien entendu, pratiquer une activité sportive régulière et s’alimenter correctement devrait faire partie du programme. Notre sensibilité physique est souvent le reflet de la manière dont nous « traitons » notre organisme.
Les troubles musculo-squelettiques : un enjeu sérieux pour les conducteurs professionnels
Les progrès fulgurants de la médecine et la multiplication des programmes de développement personnel rendent la prévention des troubles musculo-squelettiques plus accessible que jamais. Un bémol demeure tout de même : de nombreux cadres et employés n’ont pas conscience des conséquences que ces afflictions peuvent avoir sur le bien-être physique et psychique d’une travailleuse ou d’un travailleur.
Nous espérons que les conseils prodigués au fil de ce dossier vous aideront à mieux cerner les causes de ces maux ; surtout à déployer, dès maintenant, des solutions pour éviter leur manifestation ou leur complication.
Dans le domaine des transports, notamment au volant d’un véhicule utilitaire, on peut profiter d’une ergonomie toujours plus fine et d’un confort à la pointe voulus par les constructeurs VU. Là encore, ce sont les chercheurs et ingénieurs de tous horizons qui contribuent à cette évolution. Cela étant, il reste essentiel d’agir et de réagir individuellement, tout comme à l’échelle des entreprises, afin de maintenir un équilibre entre la productivité, la sécurité… et la santé au travail, tout simplement.