L’IAA Moblity 2023 qui ouvre aujourd’hui 5 septembre, ses portes pour 10 jours à Munich (Bavière, République fédérale d’Allemagne) est le Salon de la mobilité — on ne parle plus de Salon de l’automobile — qui se tient en alternance, tous les deux ans, avec le Paris Motor Show. Cette manifestation n’est plus le rendez-vous incontournable des constructeurs automobiles et d’ailleurs, cette année, le Japonais Toyota n’y était pas tandis que le groupe Stellantis n’était représenté que par Opel au travers d’une (très belle et) impressionnante Opel Experimental, mais également des nouvelles Corsa et Astra Sports Tourer Electric.
L’offensive asiatique
Les Chinois, eux, y ont débarqué en masse et quand on se promène dans les immenses halls de la München Messe, on ne peut que penser à la chanson de Jacques Dutronc, 800 millions de Chinois et moi et moi… Ils sont là, comme exposants bien sûr avec leurs marques-phare que l’on connait déjà en Europe et toutes celles qu’on ne connait pas (encore), mais aussi comme journalistes s’intéressant à tout, aux nouveaux modèles des constructeurs et aux dernières innovations présentées par les équipementiers ou par les spécialistes des nouvelles technologies. Dans les allées, les visiteurs de l’Empire du milieu défilent en groupes compacts prenant vidéos, photos et notes. Demain mercredi 6, ils sont conviés au World Energy Vehicle Congress, un colloque « haut de gamme » sur la mobilité électrique en Chine qui se tient pour la première fois hors de ses frontières.
A l’image d’autres Asiatiques, nous avions l’habitude, au Mondial de l’automobile de Paris ou au Salon de l’auto de Genève, de les voir mètre-ruban à la main mesurer les dimensions des coffres ou la taille d’un écrou de roue, nous nous amusions à les voir se glisser sous les voitures pour examiner à la loupe un essieu, un amortisseur, nous nous étonnions de leur aptitude à rester plusieurs minutes à observer un bloc-moteur. Preuve que le monde a changé, cette année ce sont les représentants d’une marque allemande que nous avons vus chercher à percer les mystères d’une plate-forme made in China conçue d’emblée pour être celle de véhicules électriques ou ceux des connexions d’une batterie.
Les Allemands toujours dans la course à l’innovation
De cette IAA 2023, que retiendra-t-on ? Que la mobilité douce est en train de s’imposer. Les modèles vélos-cargos se multiplient et dans ce domaine, Allemands, Néerlandais et Français ont un savoir-faire qui les met aux tout premiers rangs. Finies les chaines de vélos classiques, — les technologies évoluent —, vive le design résolument contemporain qui cache générateur et batterie.
Pourtant, l’automobile est toujours omniprésente et quelques grandes marques ont choisi Munich pour dévoiler de nouveaux modèles ou des prototypes. C’est le cas de BMW qui, en Bavière, joue à domicile. Son concept-car, BMW Vision Neue Klasse, entrouvre une (petite) porte sur ce que seront les berlines de la marque bavaroise dans les années à venir : 100% électrique, digitales et respectueuses de l’environnement. BMW expose par ailleurs la BMW i5, la BMW Série 5 dans sa version « zéro émission » et une BMW i7 Protection, un véhicule de protection entièrement électrique, une première dans le segment des grandes berlines de luxe.
Mercedes-Benz a surtout voulu jouer le futur avec un concept CLA « une expérience électrique inédite ». Ce modèle conçu sur la toute nouvelle plate-forme MMA (pour Mercedes Benz Modular Architecture) aura une autonomie de 750 km et une consommation de 12 kWh/100 km… une belle perfomance !
Le groupe Volkswagen quant à lui, réaffirme vouloir aller de l’avant avec un ID.GTi Concept qui rappelle les « folles années » GTi : élégant, puissant et ludique, mais électrique ! Il a voulu aussi montrer que la marque Cupra prend son envol et s’éloigne de Seat avec un étonnant Darkrebel Showcar, une étude qui n’a pas vocation à préfigurer un produit, mais qui démontre que, dans les bureaux de recherche de la marque espagnole, l’imagination est au pouvoir ce qui présume bien de l’avenir. Du côté d’Audi, on pouvait seulement découvrir l’intérieur du futur Q6 e-tron. Très bien, mais… frustrant. Que sera l’extérieur ?
Agréable surprise chez Renault avec le nouveau Scenic E-Tech Electric : commercialisé l’an prochain, il a tout d’une voiture électrique (tant mieux) et plus grand-chose à voir avec ce que l’on a connu du monospace (dommage). Au passage, on admire Rafale, sans genre, ni La Rafale, ni Le Rafale, c’est aussi dans l’air du temps. Et puis la marque au losange a dévoilé à Munich la version allongée du Kangoo E-Tech Electric VP qui se déclinera aussi en VU et dont nous ne manquerons pas de vous parler.
BYD, trois lettres en passe de s’imposer sur tous les marchés
Retour à la case départ avec les marques chinoises. MG fait très fort avec le MG Cyberster, un fort réussi roadster électrique, Leapmotor ne veut plus se contenter de sa micro-T03 et se prépare à proposer des modèles de grande taille comme le SUV C11 ou la grande routière C01 (700 km d’autonomie !) et pourtant, c’est BYD qui fait l’actualité. Si l’on en juge par le nombre de journalistes présents à la conférence de presse de lundi matin, cette marque « fait un tabac ». Il faut dire qu’elle est en passe d’être le premier constructeur de voitures électriques au monde devant Tesla — présent à Munich sur un mini-stand —, et qu’elle se développe à la vitesse Grand V en Europe et en France notamment où les points de vente se multiplient. La partie utilitaire de la marque est aussi un axe fort de développement.
A Munich, les vedettes du stand sont incontestablement les deux versions de la Seal : la Seal est d’abord une élégante berline du segment D, la Seal U est un SUV aux multiples talents. Commercialisation début 2024… trop court pour que l’on puisse assister à une contre-attaque des constructeurs européens. Et c’est bien cela la grande (et triste) leçon de l’IAA 2023.