Abordons dans ce dossier de la rédaction « MyUtilitaire » un sujet plus que sérieux, qui peut même et selon les sensibilités de chacun s’avérer tabou ou tout du moins rendre mal à l’aise. Il s’agit du risque routier professionnel auxquels les artisans, commerçants, entrepreneurs sont tous confrontés.
Alors bien sûr, tous aimeraient que les routes et les véhicules soient sûrs à 100% mais lorsque circuler fait partie intégrante de son métier, notamment au volant des véhicules utilitaires légers, il convient d’être à la fois au courant des différentes situations ou comportements à risque mais aussi de leurs impacts afin de pouvoir y remédier. Car n’oublions pas que- au-delà des conséquences sur la santé physique et psychologique des salariés – les accidents peuvent tout bonnement désorganiser les entreprises. D’où l’importance d’anticiper et de faire de la prévention régulière à ce sujet.
Ensemble et pour vous sensibiliser au mieux aux risques d’accidents de la route, nous allons répertorier avec vous (en plusieurs parties) tout ce qui peut entrer en jeu dans votre quotidien professionnel, une fois au volant. Mais avant cela rappelons quelques chiffres clés.
1 / Le risque routier professionnel : première cause de mortalité au travail
Dans un premier temps, nous allons voir que le risque routier professionnel constitue à lui seul un risque professionnel majeur.
L’intitulé de cette partie « première cause de mortalité au travail » en dit long… En effet chaque année, d’après la source la mieux placée pour en parler, à savoir l’ONISR (l’Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière) : les accidents routiers professionnels qui incluent à la fois les accidents de trajet domicile-travail et les accidents intervenus dans le cadre d’un déplacement professionnel, constituent une cause majeure de décès en France. Si l’on se réfère aux chiffres communiqués pour 2021, ce ne sont pas moins de 454 personnes qui ont été tuées dans ces conditions. Pour ce qui est des victimes d’accidents de la route liés au travail, au sens plus général, on dénombrait sur cette même année : 56 390 personnes impactées dont 12 610 dans le cadre d’un accident dit « de mission ».
Et si l’on s’attache à bien distinguer les VUL dans ce paysage routier, il s’avère que 7,0% des véhicules impliqués dans des accidents corporels impliquaient un véhicule utilitaire léger, ces modèle de moins de 3,5T dédiés au transport de marchandises et nombreux à circuler en agglomérations. A noter que les principales victimes n’étaient pas les occupants présents à bord du véhicule. Il s’agissait en majorité d’usagers vulnérables (comme les piétons, les cyclistes ainsi que les deux roues) ou sinon d’automobilistes.
Si les nouveaux modes de déplacement plus respectueux de l’environnement se multiplient (vélos, trottinettes …) nous accentuons ici volontairement notre propos sur les véhicules utilitaires, ceux qui nous intéressent particulièrement et qui concernent toutes les branches professionnelles équipées d’un ou plusieurs fourgons au sein de leur flotte. Tous les publics professionnels étant exposés aux dangers de la route : que vous exerciez dans le BTP, l’artisanat, le commerce, les livraisons, le service à la personne…
Rien d’étonnant donc que le risque routier professionnel ait pleinement sa place dans le « Plan Santé au Travail 2021- 2025 » émis par le gouvernement. Identifiée comme une priorité de la politique de sécurité routière, cette thématique doit donc inévitablement mobiliser les entreprises : employeurs comme salariés.
La connaissance du risque routier permet par ailleurs de pouvoir discerner les différentes situations à risque au volant. Nous y arrivons.
2/ Le risque routier professionnel : des situations en tous genres au volant de son VU
Les situations à risque sont nombreuses et diverses, mais il est fondamental de les connaître ou tout du moins d’en prendre conscience (il n’est jamais trop tard pour bien faire) afin de les éviter et ainsi préserver la sécurité et la santé des utilisateurs.
Nous sommes tous spectateurs de comportements déviants au volant, qui peuvent se résumer à de simples incivilités, ou qui au contraire sont susceptibles de générer des accidents plus ou moins graves. Et si l’on cherche à définir l’accident de la route, il est de coutume de l’analyser comme étant la conséquence d’un dysfonctionnement entre le véhicule, l’usager du véhicule et son environnement. Alors parmi les éléments perturbateurs, on peut aisément en différencier trois : la défaillance humaine et la défaillance technique, pouvant elles-mêmes être aggravées par l’environnement routier.
Ainsi dans un premier temps, on peut parler de risques comportementaux, autrement dit ceux qui impliquent : la vitesse, l’alcool et autres stupéfiants ou encore les défauts d’attention du conducteur lui-même. Aussi est-il besoin de rappeler que la vitesse intervient dans 1/3 des accidents mortels et que le respect des panneaux et des limitations est un gage de sécurité, qui plus est au volant d’un VU, plus imposant et plus lourd encore qu’une voiture particulière. Quant à l’alcool (qui figure au rang de 2ème cause de mortalité sur les routes) mais aussi la drogue ; dans les deux cas c’est le côté responsabilité individuelle qui ressort. Etre contrôlé positif à l’alcool et/ou être sous l’emprise de stupéfiants ne fait pas bon ménage au volant, et c’est un éternel (et malheureux) combat. Force est de constater, que ce cocktail détonnant a récemment été remis en lumière dans l’affaire « Pierre Palmade », que nous ne commenterons pas davantage ici… L’état de santé général et l’état d’attention du conducteur entrent également en jeu, s’il y a notamment incompatibilité temporaire ou définitive avec la conduite, en raison d’une fatigue prononcée, d’une sensation de malaise, d’une vue altérée, d’un déficit de l’audition, ou d’un prise médicamenteuse pouvant amener à la somnolence ou l’hypovigilance, par exemples… Autant de facteurs humains qui influent sur le temps de réaction et par conséquent sur la gravité du choc.
Dans un autre registre, difficile de ne pas tenir compte d’une possible défaillance technique du véhicule ou d’un éventuel défaut d’entretien de celui-ci. C’est pourquoi, il revient aux propriétaires de VUL de s’astreindre aux règles en vigueur et de disposer d’un contrôle technique toujours à jour. Celui-ci permet de valider l’état de marche d’une camionnette et de confirmer son bon suivi en termes d’entretien. Tout défaut en la matière (freinage, pneumatiques, éclairage…) pouvant provoquer un quelconque accident.
Et puis pour finir, comme nous le laissions entendre plus haut dans le texte, d’autres facteurs externes liés à l’environnement routier interviennent également, comme la saisonnalité ou la qualité des infrastructures. Se déplacer à bord de son fourgon ou de sa fourgonnette nécessite d’emprunter notre réseau routier pas toujours adapté au trafic, ni bien entretenu (nids de poule..) ou parfois même engendrant des zones de dangers (virages, intersections…). L’effet de saisonnalité n’est pas à négliger non plus. La météo -avec des conditions plus ou moins bonnes selon les jours, les mois, les saisons – ou encore la luminosité – avec une visibilité meilleure de jour que de nuit, il faut bien l’avouer – influent également sur le risque d’accident.
Et s’il y a bien quelqu’un qui doit prôner le respect du code de la route et la vigilance en toutes circonstances, c’est l’employeur. Parlons-en justement !
3/ Le risque routier professionnel : la balle est dans le camp de l’employeur mais pas que…
Toute entreprise se doit d’aborder le risque routier comme un sujet incontournable. Des actions de la part de l’employeur s’imposent, mais pas que… A chaque conducteur ensuite de prendre ses propres responsabilités.
S’informer et s’interroger sur ce sujet est déjà un premier pas. Si vous lisez ce dossier MyUtilitaire, vous êtes donc en bonne voie. Ainsi en réponses aux principales situations à risques mentionnées ci-dessus, il conviendra de la part de l’employeur ou du gestionnaire de flotte :
-d’organiser les déplacements de ses employés au mieux, avec un temps de trajet raisonnable qui ne soit ni sous-estimé ni sur-estimé, obligeant alors le collaborateur à rouler vite, à ne pas faire de pause ou au contraire à prolonger sa tournée…
– de choisir le mode de transport le plus adapté et donc le bon VU. Chaque utilitaire doit être adapté au métier et au travail à réaliser (livreurs du dernier kilomètre, menuisiers, déménageurs ….). Qu’il s’agisse de la charge totale autorisée ou de l’aménagement intérieur/extérieur, tout doit bien sûr être optimisé mais avant tout être fait dans les règles.
– de veiller à la bonne santé du véhicule. Au fil du temps, vient en effet l’entretien. Cela constitue une étape indispensable à la bonne conduite et à la sécurité au quotidien. Les locations longues durées incluent parfois l’entretien dans les loyers proposés aux professionnels, sinon pensez à le faire comme préconisé par le constructeur. Par ailleurs, il y a également la case CT (contrôle technique) à cocher 4 ans après un achat neuf, puis tous les ans.
– de proscrire l’utilisation du téléphone au volant, qui quadruple le risque d’accident et reste également un point élémentaire. En effet, éviter les communications au volant ou les manipulations sur écran tactile pour lancer la navigation ou même le chauffage, c’est éviter toute source de distraction et d’inattention. Sans oublier d’autres tâches, que nous ne recommandons pas non plus, comme manger au volant, mettre la musique à fond…Car oui la concentration au volant est la clé pour pouvoir réagir à temps en cas de complexité ou d’urgence.
Mais attention, la prévention routière concerne tous les acteurs de l’entreprise. S’il est primordial que le chef d’entreprise fasse passer les messages et montre l’exemple, les bonnes pratiques doivent s’inscrire dans toutes les têtes et sur toutes les lèvres.
Et l’on attend aussi beaucoup de la part des constructeurs VU, comme vous allez le voir.
4/ Le risque routier professionnel : un véritable enjeu pour les constructeurs automobiles
Bien conscients de cet enjeu du risque routier professionnel, les constructeurs automobiles ont depuis longtemps fait de la sécurité à bord de leur VU, un vrai sujet.
Au-delà des indéniables progrès techniques réalisés au fil des générations, les équipements de sécurité et les technologies avancées sont aujourd’hui au cœur des arguments de vente de nos marques automobiles, qui s’illustrent sur le segment des VUL. Que ce soient Mercedes, Citroën, Ford ou encore Renault, tous s’empressent de lister dans leurs catalogues destinés aux pros les atouts sécuritaires de leurs modèles. Certains vont encore plus loin dans l’approche et parlent même d’allègement de la charge mentale, en avançant davantage de sérénité au volant. Pas faux.
Mais revenons un instant sur ce que les ingénieurs et constructeurs appellent précisément les ADAS (de l’anglais Advanced Driver Assistance Systems). Ces fameux systèmes avancés d’assistance et d’aide à la conduite qui poursuivent leur démocratisation dans le VU et à propos desquels nous aurons l’occasion de revenir plus en détails dans un prochain dossier. En attendant, nous pouvons vous citer quelques-unes de ces aides pointues les plus répandues (en série ou en option), comme le régulateur de vitesse, l’ESP, le détecteur de fatigue, la surveillance d’angle mort ou encore l’aide au maintien dans la voie.
Autant d’outils intelligents destinés à vous protéger lors des trajets, puisqu’ils accompagnent l’humain ou prennent carrément le relais sur lui. Les bienfaits du progrès…à condition toutefois de respecter en parallèle le b.a-ba, avec notamment le port obligatoire de la ceinture de sécurité pour le conducteur comme pour ses passagers…
Conclusion : tout pour une mobilité professionnelle plus sûre en VU !
Sujet à la croisée des chemins – qui implique les constructeurs automobiles, les entreprises, mais également le gouvernement et la sécurité routière – le risque routier professionnel (première cause de mortalité au travail, rappelons-le) résonne comme un véritable défi au volant des VU qui circulent quotidiennement sur le territoire français, en ville comme ailleurs.
Et si la prévention s’impose, une prise de conscience s’avère nécessaire, tout autant qu’une approche adaptée, tenant compte du contexte et de l’environnement professionnel de chacun d’entre vous. Agir en amont (et en bon citoyen) est la clé pour éviter les accidents pouvant engendrer décès et blessures, mais aussi conséquences négatives pour l’entreprise elle-même. Se responsabiliser et/ou responsabiliser ses équipes avant chaque déplacement, analyser les conditions de route et vérifier le bon état de son (ses) véhicule(s), doit devenir une habitude voire une règle de fonctionnement. De quoi protéger à la fois les occupants du VUL et les autres usagers de la route.
Question de sécurité oblige, les constructeurs ont tous développé au fil des ans des aides à la conduite (ADAS), qui ont fait leur apparition sur les VP mais se sont aussi démocratisées sur les VU. Des technologies souvent résumées à des abréviations, qui ne vous parlent pas et pourtant bien destinées à veiller sur vous ! D’ailleurs et comme nous vous le disions, nous vous détaillerons les particularités de certaines aides à la conduite dans un prochain dossier.
Et parce que sur MyUtilitaire l’on parle régulièrement de mobilité professionnelle plus durable – du fait de l’instauration de la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) – nous pourrions conclure ce dossier ainsi : outre les enjeux de la transition écologique, les entreprises se doivent également de répondre aux enjeux de la sécurité routière en offrant à leurs clients une mobilité professionnelle plus sûre, pour une diminution de l’accidentalité lors des trajets et missions à bord de leurs fourgons !
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