Myutilitaire.com s’est rendu en Charente, à la rencontre des équipes de Midipile, à l’occasion de l’inauguration de leur véhicule hybride entre le vélo et l’utilitaire. Devant un parterre d’invités, nous avons visité les installations et discuté avec les géniteurs de ce projet devenu réalité. Notre reportage.
Le rendez-vous était pris ce mardi matin en gare d’Angoulême (commune de Charente et accessoirement capitale de la bande dessinée) pour nous rendre ensuite sur le site de Hiersac, à une dizaine de kilomètres pour découvrir les jeunes locaux de Midipile. Cette petite entreprise installée dans la région en 2020. Fruit de l’imagination de Benoît Trouvé, Président fondateur de Midipile, la société charentaise emploie aujourd’hui 15 employés.
“Nous avons doublé nos effectifs en 1 an et l’entreprise devrait encore doubler d’ici la fin de l’année prochaine. Nous avons tout ce qu’il faut sur ce territoire en compétences, et nous voulons faire grandir cette filière de micro-véhicules, avec historiquement beaucoup de savoir-faire sur les batteries et les moteurs électriques. Il n’y aura pas de réindustrialisation ou de maintien de l’industrie sans un tissu de sous-traitance au niveau local, et nous sommes conscients que c’est à nous aussi de la porter et de la développer” explique ainsi Benoît Trouvé, qui n’a pas été avare de remerciements auprès des différents acteurs régionaux qui lui ont fait confiance.
L’avenir aux petits véhicules peu polluants ?
Point de départ de cette aventure, un constat. 30% des émissions de CO2 en France sont liées au transport, sans compter les rejets nocifs, qui génèrent indirectement de nombreuses victimes en raison de la pollution. Pour remédier à cette situation, le remplacement des moteurs thermiques par des mécaniques électriques est une piste.
Pourtant, le 100% électrique a aussi ses limites, car cette technologie est encore chère et elle mobilise des flux de métaux importants (lithium, nickel, cobalt, cuivre etc…).
“Ce que propose Midipile, c’est la troisième voie” ajoute Benoît Trouvé. “La présidente de la Commission européenne, dans son discours le 17 septembre 2025 disait : nous proposons de travailler avec l’industrie sur une nouvelle initiative relative aux voitures abordables et de petite taille. Je crois qu’on est vraiment dans l’actualité, et c’est ce que nous faisons chez Pile : de petits véhicules plus simples, plus légers et peu gourmands en ressources, et surtout qui sont pensés pour durer dans le temps.”
Après de nombreux tests en logistique urbaine, santé, tourisme et livraison, Midipile lance sa production, avec 60 premiers véhicules pour démontrer la faisabilité d’une filière de mobilité légère locale. L’événement du 30 septembre marque une étape majeure : présentation aux journalistes et aux professionnels, ouverture des précommandes en ligne, et inauguration d’un site industriel dont la cadence visée est de 100 véhicules par an à terme.
Un véhicule électrique qui met le conducteur à contribution
Mais alors ce Midipile, à quoi ressemble-t-il ? Il s’inspire dans la philosophie, de ces Kei Cars, ces mini voitures japonaises, mais à la sauce utilitaire et avec un zeste de vélo. Je m’explique. Si le look extérieur ressemble à un pick up en réduction, avec quatre roues, un toit et des portières (optionnelles), l’usage s’apparente davantage à celui d’un vélo cargo, avec un original système de joystick pour se diriger et surtout des pédales pour avancer.
Ne croyez pas que le Midipile se déplace avec une gâchette électrique comme certains Fatbike. Ici, le conducteur est mis à contribution en pédalant systématiquement pour faire avancer le véhicule (NDLR : notre essai à découvrir très vite dans un prochain article). Selon Midipile, jusqu’à 25% de l’énergie produite, le serait avec les muscles du livreur. Classé comme voiture sans permis 45 (ou catégorie L6), il est une sorte d’ovni face à des modèles de vélos cargos professionnels bien établis comme le Kluster Freegones. A la différence majeure qu’il peut évoluer jusqu’à 45 km/h avec une charge de 300 kg et une autonomie estimée à 80-100 km grâce à sa batterie Lithium-ion NMC 48V de 7,9 kWh. L’approche est donc différente de la Citroën Ami en version Cargo avec une capacité de chargement différente.
En revanche, les pistes cyclables sont interdites à ce Midipile. Ce qui le destine aux périphéries des villes et séduira, comme nous l’avons évoqué, les professionnels du transport de fret, de la petite logistique, de l’intervention rapide en milieu hospitalier, mais aussi des professions libérales, des acteurs du tourisme et de l’intervention rapide sur site industriel.
Un loyer autour des 170 € par mois
Le tarif de lancement s’établit à partir de 15 500 € HT (soit un peu plus de 18 000 € TTC). Les commandes sont ouvertes depuis septembre et les premières livraisons sont attendues dès mai 2026. Les options de location ou leasing, en cours de négociation avec les financeurs, visent un loyer mensuel autour de 150–170 € tout inclus, grâce à des soutiens comme l’ADEME pour compenser le delta de valeur résiduelle, essentiel pour le lancement en B2B. En matière de garanties, Midipile se calque sur la réglementation européenne, avec 2 ans constructeur et des batteries garanties 5 ans à 80% de capacité. Originalité, un « carnet de santé batterie » connecté est prévu, pour assurer le suivi du véhicule lors de la revente. Reste à découvrir les capacités de ce Midipile, et nous vous donnons rendez-vous très prochainement pour un essai détaillé dans les colonnes de MyUtilitaire bien sûr !