C’est à l’occasion de notre visite au sein des locaux de Midipile à Hiersant (Charente), que nous avons pu conduire cet utilitaire qui revendique une charge utile de 300 kg et une autonomie maximale de 100 km.
Vous les voyez se multiplier dans les centre-villes, ces vélos cargo de livraison font-fi des embouteillages et permettent de fournir les petits colis en mode zéro-émission. Désormais indispensables pour la livraison dite du dernier kilomètre, ils restent en revanche cantonnés à l’ultra-centre en raison de leur faible rayon d’action et de leur vitesse limitée à 25 km/h. Mais quid des périphéries des grandes villes, sièges des entreprises et plaque tournante des livraisons ? Pour l’heure, seuls les véhicules utilitaires traditionnels se chargent de délivrer les marchandises dans ces secteurs qui fourmillent d’activité. Et s’ il existait une troisième voie, plus écologique, plus économique et plus ludique… Seriez-vous tentés ?
C’est le pari tenté par l’entreprise charentaise Midipile, qui nous a ouvert ses portes afin d’essayer son “véhicule intermédiaire”, à mi chemin entre le vélo et l’utilitaire. En quelque sorte, le successeur des Citroën Acadiane ou Renault 4 Fourgonnette/Express, à la différence près qu’il est beaucoup plus compact et surtout qu’il ne rejette aucun gramme de CO2.
Un modèle, mais plusieurs configurations
Taillé à la serpe, le Midipile mesure 3 mètres de long, pour 1 m de large et 1,6 m de haut. La voiture de oui-oui des livreurs en quelque sorte. Une bonne bouille qui devrait séduire de nombreux métiers, des commerçants aux collectivités, en passant par les hôpitaux et les sites industriels. Et pour s’adapter à tous ces métiers, Midipile se décline en trois versions :
- Plateau avec plateforme arrière (dimensions 1247 x 900 mm)
- Pick-Up avec benne arrière (dimensions 1247 x 900 x 330 mm) et 0,4 m3 de volume utile
- Fourgonnette avec caisse arrière (dimensions 1247 x 900 x 857 mm) et 1 m3 de volume utile.
“Nous proposons une charge utile de 300 kg et le format palette 80/120 permet d’imaginer un tas d’équipements qui reprennent ces dimensions” explique Benoît Trouvé, fondateur de Midipile. “De la palette de transport pour un logisticien, on peut y mettre du biodéchet, du food truck”… Il est aussi possible de rajouter une boule d’attelage pour emporter une petite remorque avec un poids supplémentaire total de 150 kg, ce qui correspond d’ailleurs à la limite réglementaire.
Ce qui frappe, c’est la facilité avec laquelle on peut configurer son Midipile. Le système de fixation arrière est à la portée de tout le monde. De simples outils permettent de moduler son utilitaire en quelques minutes. Moins de 2 minutes ont permis aux techniciens de passer du mode plateau au mode benne arrière !
Rudimentaire, mais original à la conduite
Autre particularité du Midipile, son architecture hybride. Si le look est celui d’un petit véhicule à quatre roues, en pratique, il se pilote comme un vélo avec une position semi-allongée. Le petit habitacle comporte un pare-brise traditionnel et dégivrant, muni d’essuie-glaces, d’une ventilation et de tous les commodos indispensables pour une homologation L6 (warning, clignotant, klaxon…). Pour accéder au véhicule, il faut déjà régler le siège à la bonne hauteur avec un tournevis, puis faire une légère pression avant sur les deux joysticks de commande, pour s’installer. En effet, pas de volant, mais deux commandes qui gèrent le train avant. Une pression sur le levier de droite permet de tourner à gauche et une pression sur le levier de gauche, permet de tourner à droite. Les deux joysticks incluent les commandes de frein.
Une fois le conducteur installé, il peut ensuite régler son siège en avant ou en arrière et ne pas oublier de fixer sa ceinture de sécurité. Pour démarrer, on trouve un pédalier traditionnel de vélo, avec une assistance électrique de bonne puissance, puisque ce n’est rien de moins qu’un moteur de 6 kW qui a été retenu, le même d’ailleurs que celui qui équipe la Citroën AMI. Le principe est le suivant, on pédale doucement et l’assistance permet de démarrer sans encombres, malgré la charge. Plus on accélère, plus l’assistance prend le relais et permet au Midipile d’atteindre sa vitesse de pointe. Nous avons ainsi flirté avec les 43 km/h à fond de ligne droite avec une relative facilité et une intuitivité des commandes indéniable. En quelques secondes, le mode d’emploi est assimilé. Bon point, le freinage est suffisamment puissant pour ralentir l’engin au moindre obstacle, alors que le système de régénération permet de récupérer de l’énergie en ralentissant. Bien pensé.
Pour livreurs très sportifs
Le constructeur communique beaucoup sur la contribution du conducteur en matière d’économies d’énergie (le pédalage permet de générer jusqu’à 25% de l’énergie du Midipile). Mais si ce constat ne prête pas le flanc à la critique, on peut en revanche se poser quelques questions quant à l’état de forme du livreur à la fin de sa journée de travail. Il doit tout de même donner de sa personne pour effectuer ses livraisons et la position de conduite nous a en effet semblé plus fatigante que celle d’un vélo cargo classique. Elle contraint également le conducteur à se montrer moins vigilant sur la visibilité périphérique en raison de son effort. A vérifier sur un test en conditions réelles.
“Côté batteries, nous sommes allés chercher du Forsee Power, c’est du 8 kWh en lithium NMC. La plupart des concurrents font appel à du LFP, mais de notre côté on a choisi une techno plus européenne” précise Benoît Trouvé.
Une autonomie suffisante
Nous n’avons pas pu vérifier l’autonomie réelle sur cette première prise en main, mais Celian Lecomte, responsable technique de Midipile nous a donné quelques éléments de réponse. “On aimerait viser les 100 km d’autonomie mais on sait que c’est un peu ambitieux, ça dépend beaucoup de où on roule et comment le conducteur pédale et comment il accélère au final. Donc on est plus autour des 80 km en conditions réelles”. Et d’ajouter “Pour l’instant, il n’y a qu’un mode normal mais on a un calculateur qui a une dalle tactile et on va pouvoir proposer des mises à jour pour éventuellement avoir des modes sport, des modes un peu plus éco. Ce sont des choses qui brident un petit peu le véhicule et qui permettent d’améliorer à terme l’autonomie”.
La production du Midipile a été lancée et l’entreprise charentaise espère en livrer 10 exemplaires d’ici à la fin de l’année et près de 90 exemplaires en 2026, sur une année pleine. Si le succès est au rendez-vous, le marché européen est aussi en ligne de mire.
Son positionnement tarifaire
Côté tarifs, le prix de lancement est fixé à 15 500€ HT pour le modèle plateau, 16 200 € pour le pick-up et 16 300 € pour la fourgonnette. Le Midipile devrait cependant s’écouler davantage en leasing, avec des loyers estimés entre 150 € et 170 € par mois. Le prix des options est déjà connu et on peut citer : les portes rigides (900 HT), le Kit Attelage (200 € HT), la bâche PVC pour benne (170 € HT)… Côté garanties, c’est du classique 2 ans et 5 ans pour la batterie.Accessible à la conduite dès 14 ans, le Midipile va-t-il être décliné en des versions plus performantes ? “Pour le moment, il n’est pas prévu de développer une version L7, parce que cela nécessiterait pas mal de changements structurels. Il n’est en revanche pas impossible qu’on ait dans notre gamme véhicule des L7, mais à partir d’un autre châssis et dans une autre gamme” conclut Benoît Trouvé.