À l’heure où l’électrification s’accélère mais peine encore à supplanter le diesel sur le marché européen de l’utilitaire, Renault veut bousculer la donne avec son nouveau Trafic Van E-Tech Electric. Porteur d’innovations et de ruptures technologiques, ce modèle s’inscrit dans une lignée historique emblématique tout en ouvrant des perspectives inédites. Nous l’avons découvert à l’occasion du Salon Solutrans 2025 à Lyon (69).
Lancé en 1980 pour succéder à l’Estafette, le Renault Trafic s’est rapidement imposé comme une référence sur le segment des fourgons de taille intermédiaire. En 45 ans, il a été produit à plus de 2,5 millions d’exemplaires sur trois générations et distribué dans 50 pays, devenant un acteur-clé de la mobilité professionnelle.
Sa troisième génération, introduite en 2014, a battu tous les records avec un million d’unités sorties de l’usine normande de Sandouville. Preuve du dynamisme de la gamme, plus de 600 modèles sortent chaque jour des chaînes, 75% étant exportés hors de France. Cette génération actuelle, dont un nouveau restylage est prévu l’année prochaine, avait déjà inauguré une version électrique, assez modeste, en 2022, avec notamment une batterie de 52 kWh.
Une esthétique qui révolutionne le monde de l’utilitaire
Présenté lors du salon Solutrans 2025, le Trafic E-Tech Electric inaugure une innovation majeure avec sa plateforme « skateboard » 100% électrique, optimisant le volume utile et la maniabilité urbaine. A titre d’exemple, son rayon de braquage serait équivalent à celui d’une citadine Renault Clio (10,3 m), une prouesse que nous ne manquerons pas de tester lors des futurs essais roulants.



Esthétiquement, ce nouveau venu n’a rien à voir ou presque avec le modèle qu’il est censé remplacer. Ultra courte, la face avant se distingue par un museau très futuriste, avec des optiques et une calandre qui ont migré sous la baie de pare-brise. Le logo Renault est d’ailleurs rétro-éclairé, suivant l’exemple de la nouvelle Renault 4. Une fois n’est pas coutume, le profil du nouveau Renault Trafic est aussi travaillé, à l’image de cette vague qui dessine ses flancs. Le traitement de la poupe n’est pas en reste, avec des feux verticaux très travaillés. Le travail sur l’efficacité aérodynamique a aussi permis de gagner 10% d’autonomie.
Le choix dans la batterie
Deux capacités de batterie seront proposées, selon l’usage souhaité. Le Renault Trafic à Grande Autonomie se distingue par sa chimie NMC (pour nickel manganèse cobalt) qui offre une meilleure densité énergétique. Cette version est annoncée avec une autonomie maximale d’environ 450 km WLTP.
Pour ceux qui évoluent davantage en agglomération, le Renault Trafic à Autonomie Urbaine choisit pour sa part une chimie LFP (pour lithium fer phosphate) dépourvue de métaux rares comme le cobalt ou le nickel et qui annonce une autonomie d’environ 350 km WLTP. Il convient de préciser que cette batterie ne sera pas disponible avec lancement du modèle fin 2026. Précisons enfin que toutes les cellules seront produites en Europe et les batteries assemblées en France à l’usine de Sandouville.

Selon Renault, la recharge ultra-rapide en courant continu grâce à la technologie 800 V permettrait de récupérer 260 km d’autonomie en seulement 20 minutes. Question puissance, le moteur électrique développe 150 kW (204 ch) et 345 Nm de couple. Il est placé à l’arrière du véhicule. Mais quid des capacités d’emport ? Le Renault Trafic Van E-Tech Electric serait capable d’emmener une charge utile de 1,25 tonne, alors que sa capacité de remorquage est évaluée à 2 tonnes.
Plusieurs déclinaisons du modèle sont attendues, avec châssis cabine, benne, plateau, cargo box, et des conversions garanties constructeurs, réalisées sur site à Sandouville et chez Qstomize, la filiale de Renault spécialisée dans les aménagements et transformations d’utilitaires
Design, confort et innovation : nouvelle expérience à bord
Le Trafic E-Tech Electric mise sur un design moderne, associant aérodynamique, robustesse et équipements professionnels. La cabine propose une planche de bord disruptive (écrans 10″ et 12″), une sellerie en tissu recyclé, ainsi qu’une multitude de rangements pensés pour les professionnels.
La connectivité est portée par la technologie « Software Defined Vehicle » (SDV), avec un système central qui gère mises à jour et intégration totale de l’écosystème digital professionnel. Le système multimédia openR avec écran 12 pouces intègre Google Assistant, navigation spécifique et de nombreuses applications sur Google Play, dont Vivaldi et EasyPark.





La sécurité active se renforce grâce au Safety Coach, au Safety Monitor, et à l’expérience connectée personnalisée pour les flottes. La maintenance prédictive optimisée par l’IA promet de maximiser la disponibilité opérationnelle des véhicules.
Marché européen de l’utilitaire : un diesel encore ultra-majoritaire
Sur le marché européen, le thermique et le diesel dominent toujours très nettement l’utilitaire léger et l’utilitaire lourd : en 2025, le parc des véhicules utilitaires légers (VUL) français est composé à 92,4% de diesel, avec 6,5 millions de VUL en circulation.
Les nouvelles immatriculations de camions diesel atteignent un taux de 93,6% dans l’UE au premier semestre 2025. Les utilitaires électrifiés progressent, représentant 10,2% des ventes, contre 6% en 2024. La France demeure un pays à la traîne, alors que l’Europe vise des parts beaucoup plus élevées pour atteindre les objectifs climatiques d’ici 2035.
Les parts de marché des utilitaires électriques restent loin derrière celles des voitures particulières, qui, elles, flirtent déjà avec 20% des ventes neuves au T3 2025.
Les perspectives d’avenir : comment le Trafic E-Tech Electric veut inverser la tendance
Renault entend bousculer cet équilibre en structurant sa nouvelle famille de véhicules utilitaires électriques autour du Trafic E-Tech, dont la production débutera fin 2026.
L’engagement de Renault dans l’éco-conception, avec 23% de matières circulaires sur le véhicule, une sellerie 50% recyclée et un taux record de plastiques recyclés (15% soit 40 kg sur le véhicule), lui confère un leadership dans la transition écologique.
Le constructeur mise sur l’enrichissement des services et la diminution du coût global d’utilisation, en s’appuyant sur l’expertise de 300 carrossiers partenaires et un maillage de 600 centres Renault Pro dans 25 pays.



Conclusion : le défi de l’électrification utilitaire
Force est de constater que ce nouveau Renault Trafic Van E-Tech Electric offre des arguments convaincants pour séduire les réfractaires à l’électrique. Son volume de chargement est plutôt généreux, les performances annoncées, et notamment la recharge rapide grâce à la technologie 800 V devrait faire évoluer les consciences alors que le niveau de finition et d’équipement fait franchir un palier au Renault Trafic. Reste à le tester en conditions réelles, mais pour cela il faudra être patients !

