Alors que le Mercedes Sprinter fête son trentième anniversaire, la nouvelle version 100% électrique baptisée eSprinter entend donner un coup de boost à cette technologie, encore minoritaire sur le segment des utilitaires. Notre essai.
Commercialisé pour la première fois depuis 1995, le Mercedes Sprinter est une success story pour la firme à l’étoile. Pas moins de cinq millions d’exemplaires de cet infatigable travailleur ont été commercialisés en trente années de carrière, dont une part importante au sein de l’Hexagone (300 000 modèles vendus). Outre le gâteau et ses 30 bougies, la firme de Stuttgart lui offre aujourd’hui une nouvelle gamme électrique, pour relancer l’attrait sur ce type de mécanique, très largement dominée par le diesel en France.
Petit rappel historique avec fin 2020, la présentation de la première version électrique du Mercedes Sprinter. A l’époque, pas si lointaine, ce modèle de standing n’offrait que 116 ch et une autonomie limitée à 157 km selon les normes WLTP. En outre, l’habitacle était loin de satisfaire une clientèle Mercedes assez exigeante.
Un habitacle cossu pour un véhicule utilitaire
Pour ce cru 2025, le Mercedes eSprinter châssis a bénéficié d’un restylage bienvenu de sa face avant, désormais plus adoucie avec l’intégration réussie de la prise de recharge dans le logo Mercedes au centre de la calandre. C’est surtout au sein de l’habitacle que le natif de Düsseldorf creuse l’écart avec ses concurrents.
A l’instar des contours adoucis de l’extérieur, la planche de bord se veut moderne et aérée. Les plastiques sont de bonne qualité et n’ont pas de contours saillants, la casquette d’instrumentation de grand diamètre offre une belle lisibilité et le grand écran multimédia (10,25 pouces de série) est bien positionné au sommet de la planche. Mention bien pour le volant trois branches cuir à jante épaisse (sur finition Select) qui rappelle certaines productions de la gamme véhicules particuliers du constructeur et pour la sellerie Artico (78 € HT) de type simili cuir qui donne un certain cachet à cet utilitaire haut de gamme. Parmi les manques, on notera l’absence de boîte à gants verrouillable et la mauvaise accessibilité des prises USB.
Déplorons aussi l’absence d’une charge par induction pour les smartphones, bien pratique pour les livreurs. A noter enfin que les exemplaires destinés aux essais presse souffraient d’un problème de jointure de la porte conducteur, obligeant à s’y reprendre à plusieurs fois avant de bien fermer la portière.

Une fiche technique bien plus ambitieuse
Les présentations ayant été faites, intéressons-nous aux caractéristiques techniques de ce nouveau Mercedes eSprinter châssis.
Conscient des faiblesses de son premier modèle électrique, Mercedes a entièrement revu sa copie pour cette nouvelle génération, à commencer par l’architecture de son eSprinter châssis. “Le groupe motopropulseur est divisé en trois parties : à l’avant se trouvent les composants de tension – chargeur DC/DC, convertisseur, gestion thermique ; au centre, la batterie (désormais une seule, alors qu’il y en avait trois ou quatre auparavant, disponible en trois tailles)” explique Donatien Fichot, chef de produit Sprinter. Et d’ajouter “Contrairement à la précédente génération traction avec moteur et cardan à l’avant, le moteur est désormais positionné à l’arrière. Ce module réduit les frictions et la consommation énergétique, améliorant ainsi l’efficience”.
Concrètement, le Mercedes eSprinter châssis cru 2026 offre le choix entre deux niveaux de puissance : 136 ch et 204 ch, ainsi que trois capacités de batterie à technologie LFP : 56 / 81 / 113 kWh, avec, dans la configuration la plus optimale, une autonomie pouvant atteindre les 442 km théoriques (WLTP).
C’est parti au volant de notre eSpinter carrossé par Laloyeau
Pour cet essai, Mercedes-Benz a eu la très bonne idée de proposer à 5 partenaires-carrosseries de nous présenter leur travail : Corsin, Laloyeau, Trouillet, Labbe et JPM.
La rédaction de MyUtilitaire a jeté son dévolu sur le Mercedes eSprinter carrossé par Laloyeau et en l’occurrence, une version eSprinter 420 Châssis cab 43 4,0t PRO Fourgon avec hayon élévateur Laloyeau. Basée à Etampes (91), l’entreprise a vu le jour en 1862 et s’est spécialisée dans les activités de transports, de messagerie et de distribution. Elle dispose aujourd’hui d’une capacité de production supérieure à 500 véhicules/an.

D’un poids approximatif de 745 kg, la carrosserie permet un volume d’emport de 19,90 m3 et se distingue par son hayon élévateur force 750 kg et sa porte latérale battante (largeur 1000 mm x hauteur 1950 mm position à 1020 mm de la face avant).
Notons aussi que cette nouvelle génération propose une e-PTO (pour Electric Power Take Off) en option. Cette prise de force située sous le compartiment moteur permet au carrossier de raccorder des équipements électriques jusqu’à jusqu’à 3,5 kW, à l’instar d’une électropompe (pour alimenter bennes, appareils à bras, grues, etc.), d’un convertisseur de tension… La e-PTO se compose d’un convertisseur DC/DC (400V/12V) refroidi par eau.
Nous voici partis au volant de la version équipée de la plus grosse batterie et du plus gros moteur pour un parcours assez varié aux confins des Yvelines (78). Ce qui frappe dès les premiers tours de roue, c’est le grand confort de suspension. Sur des routes mal carrossées et des villages aux multiples dos d’ânes, notre Mercedes eSprinter n’est jamais sec dans ses réactions sur les ornières et absorbe les irrégularités avec une maîtrise certaine. Petit conseil confort supplémentaire pour les grands rouleurs, l’option siège suspendu confort conducteur (621 €) vaut le détour. Lesté de 500 kg pour notre essai, il a aussi démontré son aisance sur les petites routes, avec un train avant accrocheur et d’une motricité bien maîtrisée.
La contrainte des 90 km/h
Il convient de rappeler que notre exemplaire d’essai affiche un PTAC de 4,25 t, mais qu’il dispose, véhicule électrique oblige, d’une dérogation qui lui permet d’être conduit avec un permis B, en contrepartie d’une limitation de vitesse à 90 km/h (120 km/h pour le reste de la gamme).
Cette limitation s’avère contraignante pour certains usages, mais permet tout de même de s’engager sur l’autoroute, à condition de ne pas chercher à dépasser et se ranger tranquillement derrière une file de poids-lourds. Un peu frustrant il est vrai, mais sur les routes secondaires, les performances des 204 ch et des 400 Nm sont réjouissantes. Jamais à court de puissance, le eSprinter s’avère également bien insonorisé contre les bruits d’air et de roulement.

A la manière des véhicules électriques destinés aux particuliers, l’utilitaire Mercedes dispose aussi de palettes au volant qui pilotent une récupération intelligente de l’énergie selon plusieurs niveaux. Sur notre parcours, nous nous sommes particulièrement reposés sur le mode Auto qui s’adapte à la distance entre le eSprinter et le véhicule qui le précède, mais aussi de se baser sur les informations fournies par la navigation et par la caméra, pour récupérer au mieux l’énergie.
Plutôt convaincant à l’usage, ce mode Auto est plus hésitant parfois en ville, où l’effort de décélération n’est pas suffisant et où le mode D – s’en sort mieux. Avec le mode d’emploi en tête et avec la pratique, il est ainsi possible de conduire presque en mode One Pedal, ce qui rend la conduite plus fluide lors des livraisons.
Une autonomie satisfaisante
Et l’autonomie dans tout ça ? Lors d’un parcours en pratiquant l’éco-conduite et ayant justement recours au mode ECO de la cartographie qui limite la puissance maximale, nous avons obtenu un excellent 29 kWh/100 km. Ce qui permettrait d’atteindre les 390 km en cycle mixte.
Dans des conditions plus réelles de circulation, il faut davantage tabler sur une moyenne de 32 à 35 kWh/100 km, ce qui porte la fourchette réelle d’autonomie de 320 à 350 km. Cette distance s’avère amplement suffisant d’autant que Mercedes a prévu plusieurs solutions de recharge pour passer moins de temps à la borne. D’office, le Mercedes eSprinter est capable d’encaisser 11 kW en AC (11h pour une recharge complète) et 50 kW en DC (1h30 en recharge complète).

Selon vos installations de charge au sein de votre société et vos besoins, les commerciaux de chez Mercedes pourront vous orienter vers deux options. Il est en effet possible de choisir une charge 22 kW AC moyennant 1795 € (5h40 pour une charge complète) ou plus intéressant selon nous, de retenir l’option charge très rapide en 115 kW DC (42 min pour passer de 10 à 80% de capacité batterie), pour un coût supplémentaire de 634 €.
Des tarifs très coquets
Garanti 2 ans, le nouveau Mercedes eSprinter est vendu avec un pack maintenance annuel inclus dans le prix d’achat, qui comprend un certificat de batterie garantissant une capacité minimale de 70 % pendant 8 ans ou 160 000 km (option jusqu’à 300 000 km).
Disponible en deux niveaux de finition (Pro et Select), il débute à partir de 56 320 € HT en version 314 avec batterie de 56 kWh. Doté d’une carrosserie Laloyeau de belle finition et dotée de nombreuses options bien pratiques (éclairage LED à l’intérieur, échelle…), notre exemplaire est quant à lui vendu 110 924 € avec la grande batterie de 113 kWh (86 667 € HT pour la version châssis de base sans carrosserie). A titre de comparaison, le modèle équivalent en thermique diesel 190 ch, est vendu 51 305 € HT, mais il est vrai avec un agrément au quotidien et un coût à l’usage sensiblement en retrait. A méditer donc.
