Myutilitaires.com s’est rendu du côté de Stuttgart, fief de Mercedes, à la rencontre des équipes de la division Vans pour la présentation d’un concept qui annonce le futur Sprinter. Nous avons pu échanger avec les ingénieurs de la marque concernant leurs stratégies autour des futurs utilitaires de Mercedes et de toutes les technologies qui en découleront.
Imaginez un bloc de pierre brute, sculpté pour révéler les lignes d’un futur utilitaire. Ce n’est pas une œuvre exposée au sein d’un musée contemporain, mais la vision de Mercedes pour son prochain Sprinter. Avec « The Boulder », une sculpture monumentale de 6,5 mètres de long, 2,75 mètres de haut et 2,50 mètres de large, la marque à l’étoile annonce l’arrivée prochaine de son nouveau Sprinter.

« The Boulder » est, selon Mercedes, « un symbole de robustesse, de fiabilité et de durabilité », les trois piliers sur lesquels repose la réputation des utilitaires Mercedes depuis plus d’un siècle. Le nom de ce « concept », si on peut l’appeler ainsi, évoque la sculpture, mais aussi « bold », « affirmé » en anglais, adjectif qui caractérise le design du futur Sprinter qui aura des lignes plus rectilignes que l’actuel, le tout au bénéfice du volume utilise.
Difficile toutefois de s’en rendre compte via cette approche stylistique encore inédite dans le segment. Nous avons pu nous approcher de ce manifeste pour constater effectivement des proportions musclées, des surfaces qui semblent plus tendues et une impression évidente de robustesse par la seule présence de la pierre (qui est en réalité du grès, plus facile à travailler et moins lourd qu’une pierre naturelle).
Le futur Sprinter sera taillé sur mesure pour chaque métier. Livraison urbaine, chantier, secours, transport PMR, véhicule atelier ou camping-car : tout sera possible, et configurable dès la conception.
Une nouvelle plateforme pour une multitude de nouveautés
Ça déjà été annoncé par Mercedes il y a quelques mois, ce nouveau Sprinter, et tous les membres de la future famille des utilitaires flanqués d’une étoile, auront le droit à une nouvelle architecture VAN.
Deux variantes verront le jour :
- VAN.EA : une plateforme 100 % électrique, qui sera lancée en 2026 pour les grands monospaces et utilitaires zéro émission. Il s’agira du Mercedes VLE (le remplaçant de l’EQV actuel, le Classe V 100% électrique) sur le segment des grands monospaces et navettes premium. Une version encore plus luxueuse, le VLS, suivra un peu plus tard. Ces modèles seront dotés d’une autonomie homologuée d’environ 500 km.
- VAN.CA : une plateforme dédiée aux moteurs thermiques nouvelle génération, pour ceux qui ont encore besoin d’autonomie et de polyvalence maximale. Les VLE et VLS thermiques reposeront sur cette plateforme.
Le nouveau Sprinter, qui pourrait être lancé d’ici 2027 environ, reposera évidemment sur ces deux plateformes en fonction de sa motorisation, tandis que le Vito en profitera également, à des dates qui ne sont pas encore connues.
Un « cerveau numérique » pour le futur Sprinter
Le Sprinter du futur ne se contentera pas d’être pratique et électrique, il sera aussi intelligent. Pas plus que vous, rassurez-vous, mais assez pour vous faciliter la vie et celle des gestionnaires de flottes. Le futur Sprinter reposera sur le nouveau système d’exploitation MB.OS, développé en interne.
La recette est globalement la même que pour les VP, avec des mises à jour logicielles « over the air » et l’intégration d’applications tierces, de l’IA embarquée pour la maintenance ou la navigation, gestion de flotte directement depuis l’écran central : en d’autres termes, le fourgon devient un outil numérique à part entière.
Reste à savoir si Mercedes ira aussi loin qu’au sein de certains de ses modèles, comme la dernière Classe E par exemple, qui peut intégrer des applications tierces comme TikTok et YouTube directement dans l’écran de la voiture. Est-ce que le Sprinter ira aussi loin ? Sans doute pas, les professionnels n’ayant pas forcément les mêmes besoins que les particuliers,
Une grande et belle histoire qui dure depuis plus d’un siècle
La présentation de cet immense caillou censé annoncer le futur Sprinter permet également de célébrer deux anniversaires : les 130 ans d’utilitaires Mercedes et les 30 ans de Sprinter.

Avant le Sprinter, avant même le mot « utilitaire », il y avait Carl Benz. En 1896, l’inventeur de l’automobile imagine un véhicule à moteur capable de transporter des marchandises : le tout premier fourgon de livraison motorisé.
Visionnaire, il conçut deux véhicules révolutionnaires pour l’époque : un fourgon de livraison à carrosserie fermée dérivé du Benz Victoria, et un modèle combiné à carrosserie amovible issu du Benz Velociped, plus compact. Ce dernier, transformable en voiture de tourisme en quelques gestes, peut être considéré comme le tout premier véhicule polyvalent de l’histoire. Animés par un moteur monocylindre de 1,0 à 2,7 litres développant jusqu’à 6 chevaux, ces véhicules pouvaient transporter 300 kg de charge utile à près de 20 km/h, dépassant largement les performances des voitures hippomobiles et inaugurant un nouveau segment de marché.
Plus d’un siècle plus tard, l’héritage perdure. Le plus ancien utilitaire Benz encore en état de marche, un modèle combiné de 1899 connu sous le nom d’Ideal Van, a été restauré par Mercedes-Benz Classic pour célébrer les 130 ans des utilitaires de la marque. Construit sous licence en Angleterre par Hewetson’s Ltd, ce petit fourgon de 3 chevaux pouvait transporter une centaine de kilos, avant que ses versions ultérieures ne montent à 250 kg. Le parallèle est d’ailleurs assez amusant aux côtés du futur Sprinter qui espère se faire deviner dans un gros bloc de pierre.
À l’ère plus moderne, quand le Sprinter est apparu en 1995, il a tout changé. Maniabilité de voiture, capacité de camion, confort de berline, c’était l’utilitaire le plus haut de gamme de son segment. Trois décennies plus tard, plus de cinq millions d’exemplaires sillonnent les routes du monde. Des ambulances aux food trucks, des artisans aux services express, le Sprinter est partout.
Et surtout, il fidélise : en 2024, 77 % des clients européens ont racheté un Sprinter. Peu de véhicules peuvent en dire autant. Il faut dire qu’il a des arguments pour lui le Sprinter, à commencer par être le véhicule le plus fiable de sa catégorie selon une étude de l’ADAC (l’Automobile Club Allemand, le plus grand club automobile d’Europe avec 22 millions d’adhérents). Il affiche un taux de panne extrêmement bas. Dans le détail, le nombre de pannes pour 1000 Sprinter immatriculés neufs varie entre 13,7 (première immatriculation en 2015) et 1,7 (2022), quand un Renault Master oscille entre 19,5 en 2015 et 11,6 en 2022.
